Natexpo, la Fashion Week du Bio

25 novembre 2015

Incontournable, pensé pour une cible professionnelle, l’édition 2015 de Natexpo a confirmé la maturité des acteurs de la Bio et leur intérêt pour l’innovation.

Maîtrise et croissance autorisent un retour bienvenu aux valeurs fondamentales de la Bio (respect environnemental, éthique et économique, à tous les stades d’élaboration d’un produit ou service), ainsi qu’une ouverture sur l’extérieur sans crainte de s’y comparer ou de s’y perdre.

Actualisée, compétente, la Bio doit finir de se démocratiser. Comme la mode, descendue des podiums dès les années 50, elle doit conquérir la rue, s’adapter à toutes les sensibilités.

Un salon tout sourire

Même s’il ne dure que trois jours, le salon français des professionnels de la Bio est devenu incontournable. Il réunit les « bio-addicts », après deux ans d’attente. « Cette périodicité laisse le temps aux entrepreneurs de croitre et innover, de concentrer leurs efforts » selon Adrien Petit, chargé de communication d’Organics Cluster (à l’origine de cette comparaison entre la Fashion  Week et Natexbio).

Et c’est tout sourire — contrairement aux défilés parisiens — que les exposants sortent leurs plus beaux atours. L’énergie est joyeuse, l’avenir radieux et serein. Les chiffres annoncés et maintenus de 10% de croissance par an, ne sont certainement pas pour rien dans cette attitude positive qui contraste avec la morosité économique ambiante.

Chaque édition est plus maîtrisée que la précédente

Les entrepreneurs n’ont plus grand chose à envier au conventionnel. Tous les codes d’un secteur économique mature sont désormais intégrés : sourcing, recherche et développement, marketing et communication, distribution…

Natexbio, propriétaire du salon, et les organisateurs, ont su de leur côté, opérer les bons choix pour imposer Natexpo comme « le » salon professionnel du Bio français : un recentrage sur la semaine plutôt que le week-end, des rendez-vous d’affaire facilités, des conférences étoffées et orientées « savoir-faire » : forum des bio tendances, innovations et données du marché des cosmétiques, point sur la réglementation des compléments alimentaires, nouveaux consom’acteurs, le magasin Bio de demain…).

013 SALON NATEXPO 2015®Photo Faust Favart

Pour Chantal Passat, responsable du département agroalimentaire à Sud de France, présente depuis la première édition, « l’évolution de Natexpo est croissante. Le salon est un plus très apprécié des entrepreneurs ; pour preuve, 100% d’entre eux reviennent depuis la première édition avec, chaque année, de nouvelles entreprises qui se joignent à notre espace ».

C’est aussi un salon « clé en mains » pour ceux qui ont la chance d’intégrer un pavillon régional ou un label : Initiative Bio Bretagne, Bio Sud Ouest… Les exposants bénéficient alors de l’intendance mise en place par leur délégation. « Je suis arrivé les mains dans les poches le dimanche matin et je repars avec un carnet d’adresses gonflé de contacts localisés à 40 km de chez moi ou venus de Taiwan, c’est très confortable » confie G. Barbé, Le P’tit Fausset.

Un salon, quatre thématiques

Bio et Bon regroupait ce qui se mange ou se boit avec trois parcours proposés :

-Un espace consacré à la restauration Bio pour répondre aux difficultés d’approvisionnement des restaurateurs et de la RHD (Restauration Hors Domicile) qui nécessite notamment un engagement sur des quantités, des produits adaptés (première transformation à froid)…

-un parcours MDD (Marque De Distributeur) engagé sur les prix et une présence aux avant postes de la distribution ;

-un parcours sans gluten, en réponse à une intolérance qui toucherait 500 000 personnes en France.

Beauté au naturel disposait, en plus de sa surface dédiée aux exposants, d’un village centré sur les innovations cosmétiques prouvant une nouvelle fois le dynamisme d’un secteur en pointe, un testing bar pour une découverte sensorielle des textures et fragrances, et un salon de beauté où se sont succédées les marques présentes sur Natexpo.

Forme & équilibre a mis l’accent sur les compléments alimentaires en proposant des mini conférences afin qu’acheteurs et vendeurs augmentent leurs compétences et intègrent à leurs business les dernières tendances. En phase avec des consommateurs désorientés par les scandales touchant de gros laboratoires pharmaceutiques, le marché bénéficie d’une confiance en constante progression envers les remèdes naturels.

Le pôle solutions écologiques offrait, quand à lui, un panorama exhaustif des innovations produits pour la personne (vêtements, jouets…), la maison (bricolage, éclairage, décoration…) et le commerce (systèmes d’encaissements, logistique, e-commerce, magasin connecté…).

L’intérêt croissant de la Bio pour l’innovation et la science

La science ne s’oppose plus au naturel. Le constat s’impose en parcourant les allées Natexpo, en observant le taux de fréquentation aux conférences proposées par le salon, en découvrant les lauréats des trophées de l’innovation. Les entrepreneurs Bio veulent apprendre, innover, anticiper. Ils sont au cœur de la dynamique qui réconcilie richesse de la nature et technologie : Biscru adapte le crudivorisme à l’industrie agro-alimentaire, Pollenergie créée une nouvelle façon de profiter des bienfaits santé du pollen en le mariant à des fruits mixés, Relaxarium SPA commercialise un pommeau de douche incorporant trois filtres minéraux, anti-calcaire, anti-bactériens et économiseur d’eau. Il émet des ions négatifs apaisants qui permettent aussi de limiter l’utilisation de gel douche et shampoing tout en améliorant sa qualité de peau et de cheveux.

La fin d’un cycle

La Bio retrouve des valeurs que certains lui reprochaient d’avoir oublié. Elle en a fini de se structurer, de développer le « bio business ».

Pour Sauveur Fernandez consultant éco-innovation et animateur de plusieurs conférences aux ateliers Bio-tendances « 2015 est une année charnière pour le bio pour au moins deux raisons : de nouvelles générations de consom’acteurs émergent avec des demandes inédites. De plus le bio 2.0, centré depuis 15 ans sur un développement économique accéléré, laisse progressivement la place au bio 3.0 qui, lui, met l’accent sur la convivialité et le commerce connecté ».

En parallèle, de plus en plus d’entrepreneurs Bio ont une vision globale de leur activité, une vision qui embrasse des valeurs sociétales, devenues de puissants arguments de vente, au delà de l’argument prix. Pour preuve, selon Philipe Delran, co-directeur de Biolinéaires « Sur deux heures de conférence ayant pour thème la distribution, le sujet du prix n’est intervenu qu’à un quart d’heure de la fin ».

Exemple, à travers Le Bois Jumel, petite marque bretonne, qui développe ses confitures ou ses terrines en s’appuyant sur les recettes du terroir (savoir-faire traditionnel), stabilisées par les recherches de l’INRA (science). Variable d’ajustement, l’entreprise répond aux aléas des éleveurs et producteurs de sa région (économie locale) en transformant les volailles non vendues à noël en terrines, tandis que les tomates touchées par les intempéries sont converties en ketchup (économie circulaire). Au sein de deux ateliers dont 90% du personnel est handicapé (économie sociale et solidaire) tout en gérant un parc animalier qui accueille 30 000 visiteurs par ans (éducation à l’environnement).

On pourrait également citer Sanctum méditerranée, qui dans sa ferme expérimentale du Gard aide et accompagne les producteurs à s’installer ou se convertir à l’agro-écologie, puis à valoriser et transformer leurs productions végétales ainsi que les sous-produits de transformation, en totale autonomie (fabrication de presses, extracteurs, alambics). La société développe des filières locales de plantes aromatiques et médicinales dont les vertus n’ont rien à envier aux productions plus lointaines. C’est aussi un observatoire de la biodiversité, une banque de semences, un centre de recherche…

Un monde ouvert

Les Bios ne sont pas des gaulois, retranchés derrière leurs convictions. Ils ouvrent leurs portes.

À l’international : presque un exposant sur cinq et 15% de visiteurs venaient de l’étranger.

À la Grande Distribution, curieuse de ce que fait ce petit marché à la santé insolente.

Aux commerciaux et autres profils spécialisés, recrutés dans le conventionnel, à condition de partager les valeurs et les usages de ce petit milieu par la mise en place d’un site de recrutement www.bio-emploi.com

La vente, dernière étape d’une mutation réussie mais trop confidentielle

La mise en relation de marques et de distributeurs est une attente majeure de la part des exposants. Car si les produits Bio sont très qualitatifs, la distribution spécialisée à la hauteur des attentes, l’innovation ardente, le marché reste modeste : 2,5 à 3 % de la consommation globale. Pourquoi ? En dehors des raisons variées et complexes que cet article ne peut aborder en trois lignes, un constat : la majorité des consommateurs n’a pas pris conscience de cette évolution. Elle garde en tête une image périmée du Bio datant de 10 ou 20 ans. Il est temps d’opérer une mise à jour médiatique ! Où sont les caméras de France deux ? Les reporters de France Inter ? Les journalistes du Monde ? Qu’attendent ils pour rendre compte de ce formidable dynamisme en phase avec les objectifs de la COP 21 que tous les journaux commentent abondamment ?

Comme la mode a su descendre dans la rue, la Bio doit apprendre à se rendre à la fois désirable et populaire, à faire le buzz telle la Fashion week !!!

Par Fred Jarnot pour Natexbio

Merci à Sauveur Fernandez pour sa relecture attentive.

Crédit ®Photo Faust Favart

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