Startups Bio cherchent tuteurs

27 août 2016

L’émergence de startup Bio est portée par de jeunes entrepreneurs au profil idéal. Cependant, entreprendre en temps de crise nécessite un accompagnement que la filière Bio tarde à mettre en place. Hormis les pépinières et structures traditionnelles, quelques initiatives 100 % Bio existent. Qu’en pensent les « Jeunes pousses de la bio » ?

Qu’est-ce qu’une startup ?

Une startup est une jeune entreprise innovante, à fort potentiel de croissance, parfois aidée dans son lancement par une collecte de fonds. Associée au digital, à l’économie de partage, au big data1, la startup fait son entrée dans un monde qui, jusqu’à peu, évoquait le foin, le lait de chèvre et la laine qui gratte dans l’imaginaire du client lambda.

Un profil bio-compatible

Les lecteurs de Natexbio savent combien cette image passéiste est erronée. Innovante, structurée, la filière Bio affiche un taux de croissance généreux (14 % en 2013 pour les transformateurs selon l’étude Natexbio/Asteres). Ce dynamisme économique attire et s’enrichit de jeunes entrepreneurs.

Selon Charles Pernin du Synabio (syndicat national des entreprises bio), les néo entrepreneurs sont souvent diplômés d‘écoles de commerce ou ingénieurs agronomes. Ils disposent d’une première expérience professionnelle et sont fortement sensibilisés au développement durable. Cependant, ce Bio profil idéal ne suffit plus à garantir le succès sur un marché de plus en plus concurrentiel.

 

Entreprendre en temps de crise

Bio ou conventionnelle, toute création reste un pari. Passée la récession des années 2008 et 2009, qui mit à mal les nouvelles structures, 64 % des entreprises du commerce créées au 1er semestre 2010 étaient encore actives 3 ans plus tard (Source Insee). Ce taux peut grimper à plus de 80 % lorsque le projet est accompagné. Même si d’autres critères comme l’âge du dirigeant, le capital de départ, l’expérience acquise dans un emploi similaire… entrent en jeu, l’accompagnement à la création pérennise l’activité. Il est encouragé et mis en place par les chambres consulaires, les pépinières, les incubateurs d’entreprises et des prestataires privés.

Entreprendre en Bio

La production agricole et l’élevage sont soutenus par les Civam2, GAB3, ADEAR4, FNAB5 et autres organismes professionnels maillant tout le territoire français, certains depuis les années 50. Ils ont accompagné l’essor du Bio et poursuivent leurs missions comme par exemple avec les « Mois de la Bio », mis en place par les Pôles conversion de la FNAB.

Depuis 2008, le Fonds Avenir Bio de l’Agence Bio contribue lui-aussi à la structuration des filières issues de l’agriculture biologique et encourage un développement harmonieux de l’offre et de la demande.

Transformateurs et distributeurs Bio ne disposent pas d’une telle structuration. Bien que leur activité requière des spécificités, tant au niveau des approvisionnements, que des procédés de transformation, de la labellisation, des circuits de distribution ou des attentes consommateurs. Pérenniser la création de PME Bio passe par la prise en compte et l’anticipation de ces particularités. Pourtant, rares sont les pépinières entièrement dédiées à la transformation et la distribution Bio.

Compétence régionale et volonté publique

L’ancienne région Rhône-Alpes dispose de plusieurs structures 6 au service des entreprises Bio. Elles s’adressent aux PME dès le projet de création et tout au long de leur activité. Leurs champs d’action sont multiples, mais limités à une aire géographique.

La CCI du Gers s’engage aussi à travers un concours ouvert aux entreprises de l’agroalimentaire Bio. Une dotation de 20 000 € récompense un projet d’entreprise et une création de produit afin de favoriser les créateurs et PME innovants.

D’autres régions ont fait le choix de ne pas se spécialiser sur le Bio

Selon la définition du projet, la porte d’entrée sera celle de l’Économie Sociale et Solidaire, d’un incubateur académique (pour les projets nécessitant Recherche et Développement), d’une pépinière spécialisée innovation…
Par exemple, Agro Valo Méditerranée est un incubateur montpelliérain orienté innovation agronomique, agroalimentaire et environnement, en lien avec l’Inra et SupAgro. Pascal Peny, chargé de valorisation, y constate une très nette montée en puissance du Bio. Sur 5 projets agroalimentaires en cours d’accompagnement, 2 sont 100 % Bio, 2 autres présentent une partie de leurs ingrédients en Bio.

Initiative Bio nationale

Les Trophées Natexpo sélectionnent les meilleures innovations du marché Bio. Cette mise en lumière représente un atout commercial indéniable pour les lauréats. Mais, pour espérer participer, encore faut-il avoir mené à terme son projet…

Le Synabio se positionne en amont et a créé en 2014 « Les jeunes pousses de la bio ». Ce groupe de travail propose chaque trimestre une réunion à Paris, ouverte à tout jeune entrepreneur (moins de 4 ans d’activité) de la transformation Bio. Le 6 juillet dernier a été abordé par exemple la question du référencement en magasin spécialisé.

S’il souhaite intégrer les « Jeunes pousses de la bio », l’entrepreneur doit adhérer au Synabio et signer la charte « Bio entreprise durable » qui aide les PME à formaliser et améliorer en continu leur démarche RSE6.

Les atouts du réseau

« Les jeunes pousses » intègrent un réseau professionnel prêt à les assister pour surmonter les tensions sur l’approvisionnement de certaines matières premières, trouver les opérateurs et partenaires commerciaux, se faire connaître…

En dehors des réunions trimestrielles, propices au partage d’expériences et offrant un éclairage sur une thématique donnée, une relation plus « intime » est encouragée.

Le Synabio propose un binôme « jeune pousse » / « entreprise mature ». Si la synergie entre les deux entrepreneurs fonctionne, cette relation d’entraide est vouée à durer et s’épanouir dans le temps.

 

Qu’en pensent les jeunes pousses ?

Thomas Canneti, fondateur de Food4Good et initiateur des « Jeunes pousses de la bio », souhaitait un lieu d’accueil pour soutenir la nouvelle génération du Bio. Un réseau pour construire l’avenir, identifier et lever les freins à l’innovation, se faire une place en rayons aux côtés des pionniers, cultiver l’esprit d’entrepreneuriat familial, fidèle à la philosophie Bio, dans un contexte de concentration du marché.

Beena Paradin, créatrice de la gamme Beendhi, confirme. Après le parcours classique de création de son activité, rejoindre les « Jeunes pousses de la bio » a clarifié et renforcé sa stratégie de développement, et donné une meilleure visibilité à sa marque et a facilité son référencement en magasins.

Plus d’une vingtaine d’entreprises font actuellement partie des «  Jeunes pousses de la Bio ». Si ce premier volet « distribution » est aujourd’hui concret, le travail à venir portera sur le financement.

Au-delà des thématiques abordées, le réseau offre aussi des perspectives et permet d’anticiper les questions liées à la gestion de PME plus matures.

Conclusion

Malgré un dynamisme économique remarquable, la filière Bio manque encore de structures susceptibles d’accompagner l’envie d’entreprendre qui foisonne sur tout le territoire. L’initiative du Synabio, la volonté de l’ex région Rhône-Alpes et de la CCI du Gers demeurent des exceptions.

Les nouveaux entrepreneurs Bio commencent leur parcours auprès de pépinières ou d’incubateurs traditionnels. Pour prendre en compte les spécificités du marché Bio, de nouveaux dispositifs sont attendus.

Une main tendue peut-être aussi ? Celle des pionniers qui ont tout intérêt à soutenir ces jeunes pousses pour construire l’avenir et transmettre ce qu’ils ont patiemment créé.

Par Fred Jarnot rédactrice pour Natexbio

1 / Big data : Il s’agit d’un concept permettant de stocker un nombre indicible d’informations sur une base numérique.
Source : http://www.lebigdata.fr/definition-big-data

2 / Civam : Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural.
Historique sur http://www.civam-bretagne.org/civam.php?ref_rub=26&ref=54

3/ GAB : Groupement des Agriculteurs Biologiques

4 / ADEAR : Une ADEAR c’est une association qui regroupe des paysannes et des paysans, pour majorité membres de la Confédération Paysanne, et d’autres acteurs du monde rural réunis par l’envie de partager leur expérience et leurs savoirs faire pour permettre de maintenir et d’installer des paysans nombreux et de faire vivre les valeurs de l’agriculture paysanne.

Source : http://adear13.org/

5 / FNAB : Fédération Nationale Agriculture Biologique

6 / Bio Convergence, Organics Cluster et Biovallée

7 / RSE : Responsabilité sociétale des entreprises


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