L’Analyse du Cycle de Vie est-elle un outil suffisant pour mesurer les impacts environnementaux de la bio ?

13 septembre 2019

L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode d’évaluation normalisée (ISO 14040 et ISO 14044) permettant de réaliser un bilan environnemental multicritère et multi-étape d’un système (produit, service, entreprise ou procédé) sur l’ensemble de son cycle de vie. Son but, en suivant la logique de « cycle de vie », est de connaître et pouvoir comparer les impacts environnementaux d’un système tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication à son traitement en fin de vie (mise en décharge, recyclage…), en passant par ses phases d’usage, d’entretien, et de transport.  

L’ACV permet ainsi :  

  • de quantifier les contributions aux impacts environnementaux d’un système (par étape de cycle de vie ou par sous-système : composants, matériaux utilisés, procédés) afin d’en dégager des pistes d’écoconception ou d’amélioration du bilan environnemental du système ; 
  • de comparer du point de vue environnemental deux systèmes ayant la même fonction, à quantité de service rendu égale. Au niveau agricole, la comparaison d’itinéraires techniques différents peut ainsi être faite.  

L’ACV est donc : 

  • une procédure (suite d’étapes standardisées) 
  • un modèle mathématique de transformations permettant de faire correspondre des flux à leurs impacts environnementaux. 

Elle fait appel à des bases de données qui, au niveau agricole, ne sont pas très fournies lorsqu’il s’agit d’itinéraires techniques bio (mais un programme est en cours notamment avec l’INRA pour étoffer l’existant). A plus forte raison, dans le cas d’itinéraires techniques extensifs comme on peut en trouver assez facilement dans le monde de la bio, les résultats ne penchent pas forcément en faveur de ces modes de production car l’unité utilisée reste liée au poids. De fait, les modèles disposant d’un rendement plus faible (ou d’une productivité limitée) montrent souvent une ‘eco-efficacité’ moindre. La fourniture de services écosystémiques (comme dans le cas de la permaculture et autres pratiques agro-écologiques) n’est pas intégrée dans l’ACV.  

Les rares analyses que nous disposons interrogent ainsi la pertinence des seuls indicateurs de l’ACV pour juger de l’éco-efficacité de la durabilité environnementale des itinéraires techniques en agriculture biologique. Se pose la question d’intégrer d’autres indicateurs pour juger de la pertinence des démarches et des impacts de l’agriculture biologique par rapport à cette procédure très normée.  

Dans l’immédiat, les transformateurs en bio se focalisent plus sur les aspects les plus simples à aborder et les plus ‘visibles’ : emballage, éventuellement transport, mais pas trop encore sur la production agricole qui constitue dans la chaîne le poste principal en matière d’impact environnemental (exception faite des produits importés de très loin). Mais cette démarche n’en est qu’à ses prémisses dans la bio. A suivre…   

Pour en savoir plus : Analyse du cycle de vie dans le secteur bio : où en est-on ? 

Auteur : Bettina BALMER  

Photo: Photo by Luca Bravo on Unsplash


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