Le bio en Chine: une histoire qui s'accélère…

14 juin 2016

Vue d’Europe, la Chine fait figure de géant à bien des égards, et pas forcément là où l’on attend. La Chine a du enclencher récemment sa révolution verte sur fond de scandales alimentaires et pollutions sévères qui ont terni l’image du « made in China ». Entre recyclage, énergies renouvelables, lutte contre les pollutions, la consommation de produits biologiques émerge. Un bien pour un mal où scepticisme swingue avec optimisme face aux chiffres qui donnent le tournis. Pragmatique, le gouvernement y voit aussi un intérêt à soutenir ce secteur pour les opportunités commerciales qu’il représente à l’international. Au point où la Chine s’est hissée rapidement avec ses 1,9 à 2,1 millions d’hectares (selon les sources), au 4 » rang mondial en matière de superficies cultivées, après l’Australie, l’Argentine et les États-Unis. Décryptage.

Quel que soit le système de certification, une production en hausse

Selon les instances locales, fin 2013, l’agriculture biologique couvrait une surface de 2,1 millions ha dont 1,3 million ha certifiés par les standards nationaux et 807 000 ha sous standards étrangers (soit plus que l’Inde). Les zones de collecte représentent, quant à elles 1,435 million d’ha. Divers labels ont été développés en fonction de standards de production (« bio », « vert », « sans pollution ») mais la majorité des pays importateurs ne les reconnaissent pas.

Des exportations en forte croissance, centrées sur quelques produits

Les exportations chinoises de produits biologiques ont connu régulièrement durant les deux dernières décennies une croissance annuelle à deux chiffres pour atteindre 500 millions USD en 2013. Il s’agit très certainement d’un chiffre sous-évalué car basé sur les certificats de transaction, sachant qu’il existe un flux de produits dont les labels ne sont pas reconnus par les autorités occidentales. Le volume exporté est réalisé essentiellement par (par ordre décroissant d’importance):

• le soja et autres oléagineux
• le thé : premier produit certifie en 1990 ; certification réalisée alors par SKAL (Pays-Bas)
• les fruits transformés et noix : fraise surgelée, datte rouge, jus de pêche, mandarines en conserve, cacahuète, graines de tournesol et de courge, châtaigne, pignons de pin
• les légumes : essentiellement surgelés et déshydratés, peu de frais
• les céréales : blé, riz, sarrasin, lin L’Europe est le premier client de la Chine suivi de l’Amérique du Nord et du Japon.

Un marché intérieur plus que prometteur

Point nettement moins connu, le marché domestique a enregistré un développement record qui n’a d’équivalent nulle part au monde. Il est 10 fois plus important que les exportations, avec un montant de 4,8 milliards USD en 2015, atteint en l’espace de 15 ans. En effet, avant 2000, il n’y avait pour ainsi dire pas de marché local bio, les produits biologiques existants étaient exportés. Bien qu’encore embryonnaire, le marché chinois commence à intéresser les opérateurs du bio dont une cinquantaine, essentiellement des PME européennes, ont pris pied sur ce territoire en devenir. Un faible flux d’importation s’est mis en place, destiné à une élite plus sensible aux nouveaux modes de consommation, aux questions de sécurité sanitaire et disposant du pouvoir d’achat nécessaire. Sont concernés : produits laitiers, vin, aliments pour bébé, huile d’olive, produits carnés et produits céréaliers. La consommation se concentre dans les grands centres urbains et zones de développement économique : Beijing, Shanghai, Dalian, Guangzhou, Shenzhen. La gamme de produits biologiques disponibles reste encore restreinte mais devrait évoluer du fait de l’adoption rapide des nouveautés tant en variété qu’en parfums par les nouveaux riches et la classe moyenne (300 millions de personnes quand même…) : céréales pour le petit déjeuner, gâteaux secs et snacks, etc. Dans l’immédiat, 3 principaux circuits de distribution cohabitent : supermarchés haut-de-gamme, épiceries spécialisées et vente en ligne. De nouveaux circuits émergent : vente directe (écotourisme ou type AMAP), vente durant des foires et événements. Quant aux prix du bio, ils explosent : de 2 à 10 fois plus élevés que le conventionnel. La restauration bio est, pour ainsi dire, inexistante.

En très peu d’années, la Chine s’est hissée parmi les premiers producteurs biologiques mondiaux. En matière de qualité, de gros efforts restent à faire dans ce pays parmi les plus gros consommateurs mondiaux d’engrais minéraux et pesticides ; la crédibilité et la rigueur des systèmes réglementaires à améliorer. Le bio chinois, vrai défi ou faux challenge ? On compte sur le consommateur chinois pour y répondre…

Par Bettina Balmer et avec l’aimable autorisation de BioLinéaires (n°65 mai/juin 2016)


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