Entretien avec Maria Pelletier du Moulin Marion

28 août 2014

PDG du Moulin Marion depuis 30 ans et présidente de l’ONG  Générations Futures (ex MRDGF), Maria Pelletier nous présente les activités de cette meunerie familiale bio et les combats qu’elle mène avec panache pour la défense de l’environnement et de la santé.

Natexbio : Pouvez-vous nous présenter votre entreprise et dans quel contexte vous l’avez reprise ?

Maria Pelletier: Le MOULIN MARION est une entreprise familiale que mon mari et moi  avons achetée en 1983 aux familles MARION – PELLETIER, préoccupés que nous étions par le devenir des 4 salariés ; en effet les dirigeants arrivant à l’âge d’une retraite bien méritée, l’activité devait cesser les laissant sans travail. C’était un pari un peu fou, n’étant, ni Michel ni moi-même experts en agriculture. Nous avons donc dès 1984 engagé un ingénieur Agronome qui avait la formation et expérience en Agrobiologie, ayant travaillé durant plusieurs années dans l’entreprise Lemaire/Bouchet pionnière en la matière.

Nous avons dès cette période décidé de spécialiser l’entreprise en Agriculture biologique avec pour vocation des productions de qualité en partenariat étroit avec le monde agricole, dans une logique de proximité géographique. Notre volonté était et continue de préserver la biodiversité tout en valorisant de nombreuses productions agricoles.

Depuis 1984 l’ensemble du développement des activités du MOULIN MARION répond aux attentes d’une authentique politique de développement durable, intégrant dans son management les questions environnementales avec mesures de résultats et des méthodes respectueuses des hommes, de l’environnement et d’une alimentation saine et nutritive. Le MOULIN MARION est par ailleurs certifié IFS niveau Haut et Bio-solidaire, engagé dans la démarche Bio Entreprises Durables du Synabio depuis plusieurs années.

Ce travail de fond a permis à l’entreprise d’obtenir plusieurs récompenses dont le 1er prix AQSE (Ain Qualité Sécurité Environnement) – Prix Qualité Rhône-Alpes – Trophée du développement durable Carrefour (2011) – Médailles d’or Développement durable Carrefour  en 2012 – 2013 – 2014.

Trois activités principales :

La meunerie : production de farines panifiables de qualité pour la boulangerie, la biscuiterie et toutes les filières de l’agroalimentaire et la distribution avec trois modes de mouture : cylindres, décorticage/attrition et le principal à la meule de pierre qui permet de conserver et de sublimer toute la richesse en fibres, nutriments, vitamines, oligo-éléments et protéines, avec des qualités nutritionnelles et arômes sont incomparables.

La Nutrition Animale : Une usine moderne 100 % bio, avec des process de fabrication innovants, la nutrition animale biologique imposant un important savoir-faire. Notre expérience de longue date nous permet de répondre très précisément aux attentes spécifiques des éleveurs en matière de performance et de santé des élevages.

Le conseil et le négoce en agro-bio : accompagnement des agriculteurs – vente de semences, intrants et  produits de soins et d’hygiène animale.

Natexbio : Qu’est-ce qui vous a décidé à positionner l’entreprise en production Bio ? Comment avez-vous appris le métier de la bio ?

Maria Pelletier: Nous n’avions pas de connaissances particulières en  l’agriculture biologique lors de l’achat de l’entreprise avec toutefois une certitude : nous ne voulions ni utiliser, ni vendre de produits chimiques de synthèse. L’opportunité que nous avons eue d’embaucher cet ingénieur agronome formé à l’agro-biologie nous a vraiment confortés dans nos convictions.

Nous avons dès lors compris que nous devions participer au développement de cette alimentation et avons pris contact avec les organisations privées en charge à l’époque  de la certification biologique. Dès la fin des années 80 nous avons intégré des groupes de travail tant dans ces organisations que dans les commissions plus institutionnelles.

Cet investissement perdure aujourd’hui.

Natexbio : Quelles gammes de produits bio proposez-vous ? Dans quels réseaux de distribution vos produits sont-ils référencés ?

Maria Pelletier: Les produits de meunerie : une large gamme de farines panifiables

  • de blé  allant des farines de type 55 aux farines bises et complètes (mouture meule de pierre)
  • de Seigle : T130 – T170 , intégrale
  • De grand et petit épeautre : blanches bises et complètes
  • de Korasan, de sarrasin, de maïs, de châtaigne, de riz, et autres produits sur demande

Conditionnements de 1kg, 5kg, 25 kg, big bag et vrac.

Pour cette activité nous travaillons essentiellement avec des boulangers – des meuniers – la grande distribution (pour la fabrication notamment de la Boule Bio) et quelques magasins spécialisés (actuellement Biocoop – Satoriz)  auprès desquels nous souhaitons développer des relations pour les petits conditionnements.

La Nutrition Animale – Conseil et négoce

Des gammes complètes d’aliments confectionnés spécifiquement pour tous les animaux d’élevage : vaches laitières, bovins, ovins, caprins, porcins, volailles, lapins, chevaux, escargots, etc.

Des produits de soin et d’hygiène destinés à améliorer le confort nutritionnel des cheptels et accroître les performances – compléments à base de principes actifs naturels permettant de travailler la prévention en évitant le recours à l’allopathie.

Une gamme de semences fourragères et « grandes cultures » ainsi que des intrants.

Vente directe aux agriculteurs et éleveurs (environ un millier)  et par distributeurs.

Natexbio : L’obtention du label AB signifie maîtriser la traçabilité de la matière première. Comment faites-vous pour vous assurer de l’origine biologique des céréales que vous transformez ?

Maria Pelletier: C’est un travail de fond, qui passe bien évidemment par la prévention en amont et donc par la mise en place de process et de méthodes de travail précis, du matériel adapté et une bonne connaissance des exigences du cahier des charges AB.

Pour les approvisionnements céréales, nous travaillons essentiellement avec des producteurs partenaires suivis techniquement par nos collaborateurs. Certains de ces agriculteurs stockent directement à la ferme et nous récupérons leur production tout au long de la campagne ; nous collectons aussi directement en champ, pour le reste nous travaillons avec des OS certifiés.

Des audits sont effectués régulièrement auprès de nos fournisseurs.

Nous avons un service qualité très structuré avec deux personnes à temps plein pour un effectif total de 27 personnes, attachant une attention toute particulière à la prévention. Certaines  analyses sont effectuées directement à chaque arrivée de camion, notamment le contrôle des mycotoxines et qualités physiques des céréales ; d’autres sont effectuées par des laboratoires agréés sur des échantillons de lots demandés en amont suivant un plan précis (pesticides – OGM …) puis des analyses sur les produits finis (là aussi suivant un plan précis)

Natexbio : Votre engagement  pour la défense de l’environnement et de la santé prend tout son sens à travers Générations Futures dont vous êtes la présidente. Pouvez-vous nous présenter cette association, ses objectifs, ses actions ? Qu’est-ce qui vous a amené à vous investir pour cette cause ?

Maria Pelletier: Générations Futures (ex-Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures – MDRGF) est une association de défense de l’environnement agréée par le ministère de l’écologie depuis 2008 (renouvellement obtenu en 2014), habilitée depuis février 2013 à prendre part au débat sur l’environnement se déroulant dans le cadre des instances consultatives nationales et reconnue d’intérêt général. Notre association a été fondée en 1996 par Georges Toutain, un ingénieur agronome de l’INRA aujourd’hui à la retraite, et par François Veillerette, enseignant et auteur  notamment de l’ouvrage de référence « Pesticides, révélations sur un scandale français ». Notre association mène des actions concrètes (enquêtes, colloques, actions en justice, campagne de sensibilisation…) pour informer sur les risques de diverses pollutions (notamment les substances chimiques en général et les pesticides en particulier) et promouvoir des alternatives en vue d’en réduire les impacts négatifs pour la santé et l’environnement.

Ce qui m’a motivé à rejoindre cette organisation est le sérieux de son travail. Nous fondons notre expertise sur des études scientifiques menées par des chercheurs indépendants. Ainsi, nous tachons de vulgariser les études publiées dans des revues à comité de lecture qui sont ensuite diffusées via nos divers supports médias.

Notre association mène aussi des actions fortes pour soutenir les victimes des pesticides (concernant aussi bien les utilisateurs professionnels que les particuliers.) dont elle recueille les témoignages (voir : http://victimespesticides.weebly.com/index.html ). Elle apporte des conseils juridiques et scientifiques à ces personnes : Voir www.victimes-pesticides.fr . Dans le cadre de cette campagne nous avons publié une enquête sur l’exposition aux pesticides des salariés viticoles et des riverains des vignes à partir d’analyse de cheveux (Enquête APAChe). Nous menons aussi des campagnes autour des questions de l’alimentation et des risques sanitaires liés à l’utilisation de divers produits chimiques. Ainsi en 2010, GF a diffusé  des résultats d’analyses de résidus de substances chimiques contenues dans les repas (non bio) d’une journée type d’un enfant d’une dizaine d’années. Cette étude a révélé la présence de dizaine de molécules pouvant être cancérigènes ou susceptibles de perturber le système endocrinien. Voir www.menustoxiques.fr. L’année suivante nous nous intéressions aux produits bios. En 2013 et 2014, nous avons mené de nouvelles enquêtes sur les pesticides perturbateurs endocriniens (Enquête EXPPERT – voir les rapports EXPPERT 1, 2 et 3) pour montrer les expositions multiples à ces pesticides dangereux. Bien sûr GF ne fait pas que dénoncer l’impact des pollutions chimiques sur notre santé et notre environnement, notre association, en collaboration avec son réseau l’ACAP (Action Citoyenne pour les Alternatives aux Pesticides www.acap.net)  promeut les alternatives notamment lors de la semaine pour les alternatives aux pesticides qui se tient du 20 au 30 mars chaque année en France mais aussi dans d’autres pays d’Europe ou encore en Afrique et même en 2014 en Amérique latine. Voir www.semaine-sans-pesticides.fr.

Enfin, notre association collabore régulièrement avec de nombreuses ONG françaises (WWF France, LPO, FNAB, Agir pour l’Environnement, Inf’OGM, Ecologie Sans Frontière, Greenpeace, UNAF etc.) et est membre de diverses structures nationales et européennes comme le Réseau Environnement Santé dont GF est administrateur et membre fondateur, le réseau Pesticide Action Network Europe dont F. Veillerette, notre actuel porte-parole, est Président, le réseau HEAL – Health Environment Alliance – ou encore le BEE – Bureau Européen de l’Environnement dont nous sommes membres etc.

Tout ce travail mené par GF répond à mes attentes et mes espoirs : tendre vers une alimentation saine et de qualité pour préserver notre santé, celle des Générations Futures et bien sûr celle de la planète.

Natexbio : Les pesticides qui sont utilisés en grandes quantités par l’agriculture conventionnelle se retrouvent présents dans nos aliments et dans nos organismes. Ou en sommes-nous dans la connaissance des effets de ces pesticides sur notre santé ? Existe-t-il une prise de conscience collective chez les utilisateurs et les consommateurs ?

Maria Pelletier: Les enquêtes officielles menées entre autre par la DGCCRF montre qu’1 fruit ou légume sur 2 non bio contient des résidus de pesticides. Ce qui aujourd’hui inquiète le plus ce n’est pas tant le niveau de résidu mais le nombre de molécules différentes qu’on peut retrouver dans un seul échantillon de végétaux et surtout le profil de ces molécules. Nombre de ces pesticides sont considérés comme des perturbateurs endocriniens, ces fameuses substances, qui à très faible dose, peuvent perturber les hormones surtout chez les femmes enceintes, les jeunes enfants ou encore les personnes immunodépressives. Ces PE peuvent induire à terme des problèmes de santé de type diabète, puberté précoce ou même cancer. Heureusement, on peut éviter d’ingérer ces pesticides lorsque l’on consomme bio car ces aliments ne contiennent par ces toxiques et si jamais un lot venait à être contaminé il serait déclassé et ne pourrait obtenir le label. D’ailleurs, des études sortent régulièrement vantant l’intérêt des aliments bio sur les aliments non bio.

Dans le même temps, des centaines d’études (cf. le rapport 2013 de l’INSERM, recherche médical française ), montrent aujourd’hui le rôle néfaste joué par les pesticides sur notre santé, surtout chez les utilisateurs, tout particulièrement les agriculteurs : risques accrus de développer des maladies neurodégénératives de type Parkinson ou Alzheimer, certains types de cancers (tumeurs du cerveau, LNH ou cancer de la prostate), problème de tyroïde et d’autres maladies plus bénignes comme des allergies ou de l’asthme. Malheureusement, de nouvelles études montrent aussi que pour les mamans qui ont été exposées durant leurs grossesses – tout particulièrement lors des trois premiers mois au moment de l’embryogenèse – le risque est accru pour le jeune enfant de développer une leucémie. De même, certaines études montrent désormais que les enfants, qui résident dans des zones agricoles où l’utilisation de pesticides est fréquente, ont plus de problèmes comportementaux, des problèmes d’autisme ou encore des baisses de QI que les enfants résidant loin de ces zones.

Depuis plusieurs années maintenant, on note une évolution des mentalités sur ce dossier. Les consommateurs sont mieux informés et les études circulent plus notamment grâce au travail mené par des structures comme GF, ce qui ne veut pas dire que le consommateur fasse évoluer dans le même temps sa façon de consommer mais de ce côté les choses progressent tout de même.

Natexbio : Suite à une campagne menée par Générations Futures pour interdire les pulvérisations de pesticides près de tous les lieux habités, le Sénat a adopté un amendement à la Loi d’Avenir pour l’Agriculture (LAAF). Pouvez-vous nous présenter cet amendement ? Etes-vous satisfaite de cette disposition ?

Maria Pelletier: Générations Futures a beaucoup bataillé autour de la LAAF, et tout particulièrement sur cette disposition. Nous avons, dès l’année passée, formulé des demandes pour la mise en place, dans le cadre de cette loi, de Zones non traitées (ZNT) le long des habitations et autres lieux de vie. En effet, actuellement, seul un arrêté de septembre 2006 peut être utilisé par un riverain pour se protéger. Cet arrêté stipulant entre autre que l’agriculteur ne peut pulvériser lorsque le vent est supérieur ou égal à force 3 sur échelle de Beaufort. De même, ce dernier doit tout mettre en place pour que les produits épandus restent dans sa parcelle. Cet arrêté étant compliqué à faire respecter, nous avons vu dans la future LAAF une opportunité à saisir. Ainsi, nous avons maintenu la pression au moment des débats parlementaires pour obtenir une ZNT le long de tous les lieux de vie en menant des actions de terrain et en lançant une pétition qui a été signée par plus de 130 000 personnes. Cela fait des années que notre association s’intéresse à cette problématique et formule des demandes pour la mise en place de mesures de protection des riverains qui contrairement aux professionnels ne peuvent pas faire grand-chose pour se protéger des pulvérisations de pesticides. Jusqu’à présent nous n’étions quasiment pas entendus. Au ministère de l’Agriculture on nous répondait que les produits étant homologués, il n’y avait pas de problèmes….Pour la première fois la LAAF offrait la possibilité d’une avancée. Les déclarations de Mme Royal au début du printemps sur ce sujet, demandant la mise en place d’une ZNT de 200 mètres le long des écoles, nous a conforté dans le fait que désormais la question des riverains victimes des pesticides était devenu un sujet.

Le parlement a donc travailler sur ce sujet et les sénateurs ont d’ailleurs été progressistes en introduisant et votant dès la première lecture de la LAAF au Sénat un amendement demandant la mise en place de dispositions, notamment d’une ZNT, le long des habitations. Cette disposition a été affaiblie à l’Assemblée Nationale, sous pression notamment du syndicat agricole dominant, et malgré la pression citoyenne et celle du ministère de l’Ecologie, l’amendement a été voté mais reste moins bon que ce qu’il aurait pu être.

Le mérite aujourd’hui qu’on peut reconnaitre au texte adopté c’est que l’on crante et que désormais des dispositions pourront être prises pour protéger les riverains.

Natexbio : L’agriculture traditionnelle française est très dépendante des Fonds agricoles européens. Est-ce le même cas pour l’agriculture biologique ?  Quelle est la position de Générations Futures au sujet du contenu de la réforme de la PAC (Politique agricole commune)?

Maria Pelletier: Notre position est celle défendue par le Groupe PAC 2013 et cette position est très critique ! Début août, la France devait notifier à la Commission européenne ses premiers arbitrages sur la mise en œuvre du verdissement de la nouvelle Politique agricole commune (PAC). Mais le ministre de l’Agriculture a déjà annoncé ses intentions. Cédant une fois de plus aux lobbies agro-industriels, l’Etat français s’apprête à tirer encore plus vers le bas le niveau d’ambition environnementale, déjà désastreux, de la réforme européenne.

Pour justifier le budget considérable alloué à la PAC, l’Union européenne a mis en place un « verdissement » : 30% des aides directes aux agriculteurs sont désormais liées à des pratiques environnementales et climatiques (diversification des cultures, maintien des prairies permanentes et mise en place de 5% de surfaces d’intérêt écologique sur l’exploitation agricole). Déjà très peu ambitieuse – malgré les apparences – la réforme laissait aux Etats membres des marges de manœuvre pour son application. Mais au lieu de les utiliser à bon escient, la France s’apprête à affaiblir toute leur portée potentielle !

Avec la diversification des cultures sur les exploitations agricoles, l’objectif est d’encourager la rotation, qui est l’un des principes de base de l’agronomie. Mais, sous la pression des lobbys, la France a déjà demandé à la Commission Européenne d’exonérer la monoculture de maïs de cette obligation. Ce cadeau aux maïsiculteurs conduira à l’aggravation de la banalisation des paysages, du déclin de la faune et de la flore, et fait perdre toute crédibilité à la réforme.

5% de l’espace agricole doivent être consacrés à des surfaces d’intérêt écologique. Ces surfaces devraient être constituées de haies, de bosquets, de mares… abritant des oiseaux et des insectes participant à la lutte contre les parasites des cultures. Au lieu de cela, la France permettra que ces espaces soient réservés à des cultures qui recevront des engrais chimiques et des pesticides évidemment destructeurs de la biodiversité. Comment dans ces conditions, peut-on encore parler de surfaces d’intérêt écologique ?

Les prairies permanentes représentent un patrimoine en termes de paysages, de biodiversité, de qualité de l’eau, mais aussi de lutte contre les changements climatiques grâce au stockage de carbone. Leur surface diminue de manière inquiétante en France notamment au profit des céréales.

Dans le cadre du verdissement, les Etats doivent veiller à ce que la surface des prairies permanentes ne diminue pas. Au lieu d’organiser une veille précise, au plus près du terrain, la France s’apprête à opter pour un système d’observation au niveau national aussi approximatif qu’inefficace qui aboutira à une inévitable régression des prairies.

De plus, la France qui dit vouloir faire preuve d’exemplarité en vue de la grande conférence sur le climat qu’elle accueillera en 2015, s’apprête à prendre deux mesures qui vont mettre à mal cette prétendue exemplarité : le retournement annoncé des prairies permanentes au profit des céréales ne fera que relâcher plus de CO2 dans l’atmosphère et l’encouragement de la monoculture de maïs, culture très gourmande en eau, fragilisera la situation des agriculteurs face aux événements climatiques extrêmes. Or ces mesures sont pourtant essentielles pour favoriser l’adaptation au changement climatique ainsi que l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre !

Bref avec cette « nouvelle » PAC, nous sommes loin du compte !

Natexbio : Comment expliquez-vous le succès actuel de la Bio ? Est-il le fruit du travail de fond des professionnels du secteur, de l’intérêt des consommateurs ou bien d’une volonté politique ?

Maria Pelletier: Il est évident que sans le courage et la persévérance des professionnels du secteur (agriculteurs, transformateurs, distributeurs) et également de certaines ONG le développement de l’AB aurait été plus lent.

Il serait trop long d’expliquer ici en profondeur ce succès, qui reste malgré tout modeste malgré les avantages incontestable de cette Alimentation Biologique.

Il semble important de rappeler le contexte et notamment « l’écoute » de plus en plus attentive de la population aux avantages de ce type d’alimentation.  Il y a aujourd’hui une interrogation incontestable sur l’augmentation très importante des maladies chroniques non transmissibles tels les cancers (Plus de mille nouveaux cas par JOUR, actuellement en France) les maladies neuro-dégénératives, de l’infertilité, du diabète, etc…..  de même les problèmes environnementaux ne peuvent plus être occultés (il suffit par exemple de regarder l’état de nos rivières).

Ces problèmes majeurs, en augmentation exponentielle depuis quelques décennies ne peuvent s’expliquer que par les changements importants des activités humaines et de nos modes de vie avec une utilisation massive de produits chimiques de synthèse,  notamment dans notre alimentation, en agriculture (engrais chimiques – pesticides désherbants…..) tout au long de la chaine alimentaire : stockage (pesticides) transformation des aliments (colorants – appétants – rétenteurs d’eau – exhausseurs de goût…..).

L’alimentation Biologique exclue la quasi-totalité de ces produits chimiques de synthèse elle a donc forcément un effet positif sur notre santé et notre environnement, de plus en plus de personnes qui s’informent le comprennent. Plusieurs études l’ont largement démontré mais elles ne sont, hélas, pas suffisamment connues du grand public,  de nos responsables de Santé et du corps médical en général.

La toute dernière en date le démontre clairement. Cette  étude parue en juillet de cette année et réalisée par une équipe internationale d’experts dirigée par l’Université de Newcastle au Royaume-Uni, a prouvé que les cultures biologiques et les aliments à base de plantes cultivées en agriculture biologique possèdent jusqu’à 60% de plus de certains d’antioxydants essentiels que les cultures conventionnelles. Analysant dans 343 études scientifiques les différences de composition entre les cultures biologiques et conventionnelles, l’équipe a constaté que le passage à la consommation de fruits, légumes et céréales bio – et de la nourriture préparée à partir de ces végétaux – fournirait des antioxydants supplémentaires équivalents à la consommation de 1 à 2 portions supplémentaires de fruits et légumes conventionnels par jour.

L’étude montre également des niveaux significativement plus faibles de métaux lourds toxiques dans les cultures biologiques. Le cadmium, qui est l’un des trois seuls contaminants métalliques avec le plomb et le mercure pour lesquels la Commission Européenne a défini des niveaux maximaux admissibles de contamination dans les aliments, a été retrouvé à des quantités près de 50% inférieures dans les cultures biologiques par rapport aux cultures conventionnelles.

Gageons qu’elle réveille les consciences et provoque enfin un changement politique pour le bien de tous.

Natexbio : Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une personne qui souhaiterait entreprendre dans la bio ?

Maria Pelletier: En tout premier lieu elle doit bien comprendre ce qu’est l’AB en se documentant auprès de l’Agence Bio et en se rapprochant des instances professionnelles du secteur.

Ensuite lui dire que malgré les contraintes que semble, à première vue, avoir l’AB, elles sont  finalement faciles à gérer à condition de bien prendre, dès le départ, les bonnes résolutions et pratiques notamment dans les domaines de la prévention des risques.

L’encourager vivement à entreprendre cette démarche qui permet vraiment de progresser par une remise en question fréquente et malgré quelques contraintes, apporte de très grandes satisfactions.

Natexbio : Les professionnels des produits bio sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Maria Pelletier: Je suis persuadée que l’attention que j’apporte à mon alimentation et hygiène de vie par l’utilisation au quotidien de produit excluant au maximum la chimie de synthèse m’a permis de traverser ces décennies dans des conditions de santé très satisfaisantes dans un contexte de travail intense, sans jamais avoir eu recours aux médicaments allopathiques.

Hyppocrate le disait déjà « que ton aliment soit ta seule médecine ». il semble effectivement que notre mode d’alimentation joue un rôle très important dans notre confort de vie.

Propos recueillis par Natexbio


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