Marché et tendance des cosmétiques Bio et naturels

13 juillet 2015

Même si notre pays n’est pas le meilleur élève, la croissance des cosmétiques Bio français est dynamique. Elle s’exprime via une distribution originale et puise sa légitimité dans des valeurs qui répondent aux inquiétudes environnementales et de santé du consommateur.

Pour respecter les attentes éthiques sans sacrifier à l’efficacité exigée par ses utilisateurs, l’innovation technologique se déplace sur des territoires riches et jusqu’alors peu exploités.

L’édition 2015 du salon Natexpo accueillera une nouvelle fois le pôle Beauté au naturel qui présentera à travers de nombreuses marques, les nouvelles tendances du marché de la cosmétique naturelle.

Les chiffres (1)

Tirés par l’Asie, qui a 10 ans d’avance sur le secteur (2), les cosmétiques biologiques et naturels représentaient 2,3 % du marché mondial des cosmétiques en 2013, soit 7,7 milliards d’euros. En Europe, l’Allemagne annonce plus de 6 % de part de marché en 2014 quand la France affiche 3 à 4 % pour un volume de 425 millions d’euros.

Avec 10% de croissance par an attendue (3), les cosmétiques Bio restent un marché de niche qui se structure et se positionne à l’export. Les marques Françaises se multiplient. Ce dynamisme s’exprime par exemple à travers le nombre de marques adhérentes à Cosmébio, passé de 96 en 2006 à 453 en 2014 pour 9143 produits labellisés.

Une distribution en mode parallèle

Toujours boudée par les réseaux classiques, la cosmétique Bio trouve sa place en magasins spécialisés (25% des ventes), conseillée par un personnel de mieux en mieux formé. Sur internet (21% des ventes) le nombre de boutiques en ligne explose. Viennent ensuite les instituts de beauté, pharmacies et para-pharmacies pour 12 à 13 % chacun. Les grandes et moyennes surfaces ne représentent que 7% des ventes.

Promise à un bel avenir selon la prospective (2), la vente à domicile fait son grand retour auprès d’un public jeune et féminin. Les produits Bio en occupent la troisième place après les Sex toys et la lingerie.

Les contraintes technologiques poussent la recherche sur des territoires nouveaux et prometteurs

Après avoir échoué un temps à faire aussi bien que la pétrochimie, la chimie verte devient moteur d’innovation partout dans le monde et propose aujourd’hui de vraies alternatives. Oubliés les vernis à ongles retirés du marché suite aux mécontentement des utilisatrices, Logona sort le premier vernis certifié Cosmétique naturelle qui semble satisfaire les bloggeuses allemandes, premières à le tester (4).

Fini le choix cornélien entre une crème solaire à réaction chimique incertaine (5) et un enduit bio pâteux, sain mais laissant un masque blanc inesthétique. Les huiles ou lait solaires nouvelle génération (Acorelle, Algamaris) réconcilient bio et soleil, consommateurs Bio et conventionnels.

A noter, l’arrivée de principes actifs issus de territoires jusqu’alors inexplorés : la chlorocosmétique (Alorée), la cosmétique bio marine et la découverte d’enzymes dotées d’activités particulières (dans l’eau des larves de saumon par exemple (6), la culture cellulaire de macroalgues, l’utilisation de cellules souches végétales (Centella)… Toutes ces recherches basées sur le biomimétisme (inspirées de solutions trouvées par la nature) ouvrent des voies d’innovation enthousiasmantes.

Exigente sur l’efficacité attendue du produit, la clientèle Bio n’en oublie pas pour autant ses valeurs

Valeurs éthiques bien sûr avec l’arrivée du Vegan Bio. Bien que son démarrage soit plus lent en France qu’en Allemagne pour des raisons culturelles : les français restent attachés aux bienfaits du miel ou du lait d’ânesse pour ne citer que ces deux produits.

Le sourcing local, à privilégier dès que possible à travers des ingrédients marqués par leur territoire (Oceopin et sa production d’huile de graines de pin maritime des Landes) afin de mettre un terme aux accusations d’une Bio important à bas coût des ingrédients du bout du monde.
Si de plus, ses ressources sont prélevées dans le respect et la préservation de l’environnement, les efforts de la marque sont salués (Bio Carnac remporte le Trophée de l’Excellence dans la catégorie Respect de la Nature & Biodiversité pour sa gestion du parc marin de la mer d’Iroise).

Le commerce équitable connaît actuellement un regain de croissance…

Surtout s’il est lié à une histoire personnelle (Letika et l’Inde par exemple).

Des progrès sont encore attendus en éco-conception, via des packagings économes, des formes solides (Lamazuna) ou rechargeables (Body Nature), concentrées pour limiter l’empreinte écologique des emballages.

La cosmétique Bio dispose d’atouts irréfutables pour poursuivre sa croissance. Si elle sait ausculter les secrets de la nature, via le biomimétisme, et écouter ce que chuchote la société, nul doute qu’elle saura rattraper son retard.

Par Fred Jarnot, pour Natexbio

Merci à Julie Lambert de Cosmébio et Sauveur Fernandez de l’Econovateur pour leur aimable collaboration.
(1) Chiffres fournis par Cosmébio.
(2) Étude Prospective B.I.O.N’DAYS 2014.
(3) Selon le cabinet d’études de marché Kline & Company.
(4) http://cestsilya.blogspot.fr/2014/11/le-retour-du-vernis-bio.html
(5) «Un filtre chimique est composé de molécules chimiques qui vont réagir avec les différentes longueurs d’ondes de la lumière. Le but est d’absorber la longueur d’ondes, en particulier les UVB. Et, pour couvrir tous les UVB, il y a plusieurs molécules utilisées. Ces molécules chimiques vont entrer en résonance avec la longueur d’ondes considérée et en absorber l’énergie. En absorbant cette énergie, en la transformant en énergie chimique, la molécule peut être transformée, perdre son efficacité, modifiée en une ribambelle d’autres.Et c’est toute l’interrogation santé que cela suscite car il s’agit la d’une réaction chimique. Un filtre minéral est comme un tee-shirt, un bouclier face au soleil. Tandis que si un filtre chimique pénètre dans la peau, il s’agit de quelque chose qui va générer une réaction chimique. Sachant cela, de grandes questions de santé se posent.»Extrait de l’interview de Thierry Logre, biologiste et président du groupe Jérodia, dont Phyt’s est la marque phare. Parue dans «Les nouvelles esthétiques» Mars 2015.
(6) La société norvégienne Aqua Bio Technology (ABT), exploite l’eau d’éclosion des larves de saumon pour créer l’ Aquabeautine. «On peut pratiquement considérer qu’il s’agit d’un déchet, car dans les écloseries cette eau est renouvelée en permanence et n’est exploitée par personne» déclare Fanny Coste, Directrice commercial et marketing de ABT,… «Or ce déchet est particulièrement riche en une enzyme très particulière sécrétée par la larve de saumon pour lui permettre de sortir de son oeuf, ainsi que de nombreuses autres molécules qui permettent de protéger la peau du bébé saumon à sa naissance». à lire sur http://www.expression-biotech.com/?page_id=1392


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