Comment la cosmétique bio préserve sa croissance

28 juin 2023

Les crises n’inquiètent pas les professionnels de la cosmétique bio. Grâce à la variété de ses modes de distribution, son label reconnu et son modèle de financement unique, le secteur fait mieux que résister malgré une conjoncture difficile. Explications avec Romain Ruth, Président de Cosmébio et DG de Florame.

Romain Ruth, Président Cosmébio et DG Florame
Romain Ruth, Président Cosmébio et DG Florame

« Ma petite entreprise ne connaît pas la crise. » Les quelques 750 marques que recense Cosmébio, l’association française de la cosmétique bio, peuvent pousser la chansonnette au vu de leur bonne santé dans un contexte pourtant tendu pour les acteurs de la bio. « Ceux qui reposent beaucoup sur la distribution spécialisée pâtissent de la baisse de fréquentation des magasins bio, mais nos marques n’en sont que rarement dépendantes exclusivement » avance Romain Ruth, dont l’entreprise est pionnière dans l’aromathérapie et la cosmétique biologique.

« Sur notre segment, la vente directe occupe une place importante, les pure players de l’e-commerce montent en puissance et les digital native vertical brands (DNVB) émergent sur les réseaux sociaux avec un discours différenciant. Si le commerce physique reste majoritaire, la cosmétique bio dispose d’un lieu légitime pour s’adresser à une clientèle en recherche de santé et de beauté naturelle : la pharmacie et la parapharmacie. Les instituts de beauté jouent également un rôle important dans la distribution des marques de cosmétique bio, que l’on retrouve aussi dans les grandes et moyennes surfaces. »

La force du label Cosmébio

Face au « maquis des labels » pointé du doigt lors des 1ères Rencontres des Entreprises de la Bio organisées par la Maison du Bio le 20 juin dernier, la « clean beauty » possède un atout de poids : la force du label Cosmébio. Il certifie qu’au moins 95 % des ingrédients sont d’origine naturelle, qu’on trouve 95 % minimum d’ingrédients bio sur l’ensemble des végétaux et 10 % minimum d’ingrédients bio sur la totalité du produit. « Quand un produit cosmétique traditionnel base par exemple sa promesse d’efficacité sur la présence d’huile d’argan, il faut savoir que la concentration est incomparable avec ce qu’on peut trouver dans un produit bio labellisé Cosmébio » détaille le président du syndicat, membre fondateur de la Maison de la Bio. « Le rapport peut être d’un à trente ! Et la différence d’efficacité est prouvée par des tests. »

La charte Cosmébio, qui s’appuie sur le référentiel européen COSMOS, garantit une bio exigeante. « Le cahier des charges évolue en permanence, nous en sommes déjà à la 4e version. Nous avons des positions très conservatrices pour garantir une bio intuitivement naturelle, afin de ne pas trahir la confiance du consommateur. » Une enquête IFOP dévoilée en 2022 à l’occasion des 20 ans de Cosmébio a d’ailleurs mis en avant le poids de la cosmétique bio, achetée par la moitié du panel. Une clientèle fidèle à ses produits fétiches malgré l’inflation – sept clients sur dix dépensent plus de 20 euros par mois dans la cosmétique bio. La belle dynamique du secteur – Cosmébio a encore accueilli une quarantaine de nouveaux adhérents en 2023 – est entretenue par l’élargissement constant de son marché : les trois quarts de ses acheteurs s’y sont convertis depuis moins de cinq ans !

La cosmétique conventionnelle finance la bio

Pour Romain Ruth, la sérénité des acteurs de la cosmétique bio repose sur un effet cliquet ; celui du financement du secteur… par la cosmétique conventionnelle. « Dès qu’un produit au sein d’une marque est certifié Cosmébio, le montant de la cotisation de l’adhérent est calculé sur l’ensemble du chiffre d’affaires de l’entreprise » explique Romain Ruth. « Et comme on peut trouver des multinationales bien connues, cela nous assure un facteur de résistance au stress du marché considérable ! Nous pouvons continuer d’innover, tout en préservant une démarche de progrès constante pour garantir une formule d’origine naturelle, le respect de l’environnement et des engagements sociaux forts. »

Lors des 1ères Rencontres des Entreprises de la Bio, le Président de Cosmébio s’est montré très solidaire et concerné par le combat du secteur pour gagner en reconnaissance auprès des pouvoirs publics. Aux entreprises de la cosmétique bio, il conseille de « se concentrer sur ce qui fait l’affect avec leurs consommateurs ». « Nous devons creuser l’identité de nos marques : qui sommes-nous ? Que faisons-nous ? Pourquoi notre spécificité est remarquable ? Plutôt que de chercher à s’adapter au marché. » Un discours authentique. Une marque de fabrique.

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