De petites plantes efficaces contre la grosse fatigue

2 novembre 2013

La fatigue persistante est un signe évident d’un épuisement de nos réserves nerveuses et énergétiques. C’est aussi le signal d’une « écoeurantite » aiguë. La solution ? Tout arrêter, sauf l’essentiel, faire simplement ce que l’on préfère, se déposer, se reposer, réfléchir et changer de cap. Tout cela dans la nature et le silence dans la mesure du possible.

Si notre quota d’énergie montre des signes d’essoufflement c’est le temps plus que jamais d’appeler à la rescousse nos braves plantes médicinales énergisantes, aussi nombreuses et variées que le sont nos tempéraments et nos personnalités. À nous de choisir diligemment celles qui nous attirent et nous conviennent sous la forme la mieux appropriée.

Les prosurénaliennes 

Ces plantes nourrissent et stimulent les surrénales en plus de les aider à générer et à relayer plus efficacement les nombreuses hormones sécrétées par les glandes surrénales : adrénaline, noradrénaline, cortisol, ACTH, etc. Elles servent autant l’immunité que l’équilibre nerveux, sans oublier la fertilité et la libido !

Angélique Angelica archangelica

Cette immense plante bisannuelle fait preuve d’une vitalité peu commune. Une légende dit que c’est l’archange guérisseur Raphaël lui-même qui l’aurait fait connaître aux humains il y a plusieurs millénaires. À l’époque terrible de l’Inquisition, les femmes qui en plantaient dans leur jardin devaient s’arranger pour ne pas être accusées de sorcellerie ! Outre son effet tonique surrénalien, presque aussi convaincant que celui de sa cousine l’angélique chinoise (Angelica sinensis), aussi connue sous le nom de Dong Quai, elle est analgésique, antispasmodique, apéritive, carminative, diurétique, stomachique et tonique sexuelle. On emploie les tiges et les feuilles au début de l’été, les graines à la fin de la belle saison et, surtout, les racines cueillies à l’automne de la première année.

On utilise traditionnellement l’angélique contre l’aérophagie, l’indigestion, les migraines, les douleurs rhumatismales et les troubles hormonaux, et ce, de la puberté à la ménopause. Il y a toutefois contre-indication dans les cas de cancers hormonodépendants ou de grossesse, car l’angélique a un effet semblable à celui de l’œstrogène. On doit aussi éviter le contact direct du suc avec la peau lorsqu’on s’expose au soleil. Comme toutes les apiacées (ombellifères) de cette famille, elle peut causer des taches pigmentaires à cause de la présence de psoralènes.

Réglisse Glycyrrhiza glabra

Cette remarquable racine sucrée est très connue mais trop rarement utilisée correctement pour ses effets thérapeutiques. La racine de réglisse, qui peut se cultiver dans le sud du Québec, est puissamment énergisante et a un effet semblable à celui de la cortisone. Cette remarquable tonique des surrénales a également un effet hyperglycémiant rapide, très utile lorsqu’on doit faire un sevrage de sucre ou d’alcool. On peut se la procurer à petit prix dans les magasins d’alimentation naturelle sous forme de bonbons sans sucre ajouté. Par ailleurs, la réglisse adoucit les muqueuses de la gorge, des poumons et du système digestif, surtout si on la prend sous forme déglycirrhizée, disponible en comprimés dans les magasins d’alimentation naturelle. Elle peut même soigner les ulcères. À cause de ses effets adrénergiques, il faut l’éviter en cas d’hypertension d’origine rénale, de cancers hormonodépendants et pendant toute la durée de la grossesse.

Les adaptogènes

Le mot « adaptogène » a été inventé par le chercheur russe Nikolaï Lazarev qui, dans le cadre de ses recherches sur le ginseng, a découvert que certains types de plantes permettaient à l’organisme de s’adapter au stress. En voici quelques-unes.

Astragale Astragalus membranaceus

L’astragale est utilisée depuis des millénaires par les Chinois pour prévenir les infections saisonnières. Elle est appréciée comme tonique immunitaire, mais elle est aussi une plante tonique surrénalienne grâce à ses prohormones protectrices glandulaires dont le bêta-sistérol. C’est aussi un bon tonique circulatoire et musculaire grâce à ses antioxydants et ses propriétés lipotropiques. Elle fait beaucoup de bien aux jeunes fatigués chroniques en pleine éclosion sexuelle. Elle tonifie également, sans trop les stimuler, les personnes en périménopause ou en andropause. On la trouve facilement en herboristerie, séchée et réhydratée en décoction, avec son léger goût d’écorce et de terre sucrée, ou encore en teinture mère. Elle aide vraiment à rééquilibrer les systèmes nerveux et glandulaire sans pour autant élever la pression artérielle.

Ginseng américain et ginseng canadien Panax quinquefolius 

Ce ginseng a quasiment été éradiqué de la forêt québécoise à cause de la cueillette trop intensive effectuée il y a deux siècles par les indigènes, et ce, sous les ordres du botaniste et père jésuite Joseph-François Lafitau, qui le vendait aux Chinois. Espèce menacée de disparition, il ne reste plus qu’une vingtaine de microsites naturels, surtout concentrés dans le sud du Québec. Les rongeurs, de même que l’Homo sapiens agriculteur ou développeur immobilier, sont ses pires prédateurs… Dans le bois, il ne faut y toucher sous aucun prétexte, sauf pour le ressemer à proximité. Sa culture est difficile et demande beaucoup d’investissement, d’experts, de bonnes graines ou de plants sains. Les plants de souche vraiment indigènes sont très rares. On le cultive désormais de manière intensive, surtout en Colombie-Britannique et en Ontario, et on peut l’acheter à bon prix sous forme de racine entière dans les boutiques chinoises. Il est surtout employé pour ses vertus toniques glandulaires et immunitaires et il renforce le yang intérieur, d’où sa réputation de « racine de jeunesse et de longévité ». La variété nord-américaine est la moins hypertensive et la moins onéreuse.

Gotu kola Centella asiatica ou Hydrocotyle asiatica ou Hydrocotyle americana

Cette toute petite plantule aux feuilles brillantes et festonnées a son équivalent ici sous la forme de la Centella americana. Mais, comme c’est souvent le cas, aucune étude n’a été faite sur celle de chez nous, hélas ! En teinture mère pour traiter les troubles de la mémoire et de la concentration, on prend 30 gouttes dans un verre d’eau trois fois par jour. Elle préviendrait aussi la sénilité et soignerait la cellulite. Elle est très abondante dans les sites humides. Tapez son nom dans Google Images pour voir de quoi elle a l’air. Attention ! il ne faut pas la confondre avec le lierre terrestre, qui pousse dans les mêmes sites mais dont l’odeur est bien plus camphrée.

En infusion : contre l’acné, les dermatoses allergiques et les rhumatismes aigus, boire 2 tasses d’eau par jour d’une infusion préparée avec 2 g de poudre ou 4 g de feuilles de Centella dans une tasse d’eau bouillante.

Teinture mère : pour les problèmes de peau, blessures, cellulite et varices, appliquez des compresses imbibées de teinture mère ou faites un onguent, bien plus économique que ceux du commerce.

Précautions : les femmes enceintes et allaitantes ne devraient pas consommer de gotu kola. Il peut y avoir, chez certaines personnes, un risque de réaction allergique ou une réaction de photosensibilisation au soleil. Il y a aussi possibilité d’interaction médicamenteuse avec les antidiabétiques et hypocholestérolémiants.

Les réchauffantes-stimulantes

Les personnes anémiques, hypotendues, convalescentes, post-opérées ou traumatisées de même que les jeunes femmes en puberté ou les dames en périménopause sont parfois affaiblies par la maladie ou des pertes de sang importantes. Pour aider la bonne circulation et la reconstitution du sang et de la lymphe, outre l’exercice adapté mais régulier, les plantes réchauffantes et régénérantes des capillaires sont toujours d’un grand secours.

 

Cayenne Capsica annuum

Quoi de mieux que le cayenne pour réchauffer notre chaudière interne, neutraliser les microbes et nous « fouetter le sang » ? Cadeaux du Nouveau Monde découverts au début de la colonisation américaine grâce aux autochtones, tous les piments forts travaillent dans ce sens et sont d’excellents toniques circulatoires et régénérants des capillaires. Les plus piquants ont même la capacité d’arrêter des hémorragies, que ce soit des coupures assez sérieuses aux saignements de nez. Étonnamment, la poudre de Cayenne appliquée sur une plaie ouverte n’est aucunement irritante !

La force du piment de Cayenne (on classifie les piments selon l’échelle de Scoville, qui va de 100, pour le paprika doux, à 1 463 700, pour le piment Trinidad scorpion Butch T) varie selon sa concentration en capsaïcine. L’extrait pur ou même de synthèse est employé dans les pommades analgésiques ou dans la composition des chili plasters chinois.

En cure interne : le cayenne esr aphrodisiaque, antigrippal et tonique circulatoire. Je recommande la teinture mère certifiée bio. Selon votre âge et votre constitution, prenez de 5 à 15 gouttes dans l’eau trois ou quatre fois par jour, avant les repas.

En usage externe, on peut appliquer de la poudre de cayenne séchée certifiée bio directement sur une plaie, telle quelle ou délayée dans l’huile (1 c. à thé dans 100 ml d’huile). Cela réchauffe efficacement les mains et les pieds en plus d’être un bon analgésique pour les muscles.

Orties (des bois et dioïque) Laportea canadensis ou Urtica dioica

La variété sauvage et indigène est différente de l’ortie dioïque (Urtica dioïca), mais elle possède des propriétés similaires : dépurative du sang, diurétique et reminéralisante, elle est très utile contre plusieurs carences et malaises contemporains courants.

Dans tous les cas, elle enrichit le sang, fortifie le système immunitaire et reminéralise tous ceux qui en ont besoin. Les seuls qui doivent l’éviter sont les personnes histadéliques, car leur taux d’histamine est trop élevé. Il s’agit principalement des personnes allergiques hyperréactives.

Raifort Armoracia rusticana

Comme son nom commun le laisse deviner, c’est une plante très forte qui s’étend rapidement, en largeur comme en profondeur. C’est surtout sa racine, ses rhizomes et ses stolons qu’on utilise : broyés, cuits et recouverts de vinaigre, un classique d’origine slave ou britannique. Il est facile de s’en procurer, réfrigéré, dans les bonnes épiceries. Le mieux est toutefois de le cultiver soi-même et d’en faire une teinture mère dans le vinaigre. C’est l’un des meilleurs tonique général et surrénalien au monde. Caustique comme sa cousine brassicacée la moutarde, on le consomme en petite quantité mais régulièrement, à raison de 10 à 15 gouttes deux ou trois fois par jour avant les repas, en cure générale tonique de deux à trois semaines, pour assainir les poumons ou combattre les allergies. La forme évocatrice de sa racine centrale indique que les hommes à la virilité défaillante (et leur compagne…) pourraient en bénéficier avantageusement.

Comme en toutes choses, fiez-vous à votre bon jugement, sinon consultez.

Par Anny Schneider, herboriste-thérapeute accréditée

Article publié avec l’aimable autorisation de notre partenaire Vitalité Québec (consultation sur iPad)

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