La certification Bio est indispensable mais n’est pas suffisante.

15 mars 2018

Le baromètre 2018 de l’Agence Bio indique que plus de 80 % des personnes interrogées ont confiance dans les produits bio. Et qu’ils sont plus de 75 % à consommer au moins un produit bio au moins une fois par mois (16 % en consomment même tous les jours).

La réglementation est la clef de voûte de cette confiance. Comme dans tout secteur, il existe quelques fraudeurs et donc la certification bio n’exonère pas les acteurs de la filière d’assurer une vigilance permanente.

En mars 2014, la Commission Européenne proposait un nouveau règlement cadre pour remplacer le texte actuel de 2007, qui lui-même avait actualisé le premier texte européen datant de 1991. Après quatre années de négociation, un texte de compromis est sur les rails. Le futur règlement sera voté avant l’été par le Conseil et par le Parlement Européen. Ensuite la Commission Européenne établira les règles d’application, ce qui nécessite une vigilance redoublée car le diable se cache souvent dans les détails en matière réglementaire. Le texte entrera en application au 1er janvier 2021. Chaque entreprise doit donc prévoir pour 2019 une analyse personnelle des adaptations à envisager, en lien étroit avec son syndicat professionnel.

Sur le fond, il n’y a pas de bouleversement majeur mais quelques ajustements : interdiction explicite des nanomatériaux, possibilité de certifier des huiles essentielles non alimentaires, mais aussi dérogation ponctuelle au contrôle annuel, et une multitude d’autres points techniques. Le texte reste proche de la définition réglementaire de la Bio (non-utilisation de produits chimique de synthèse).

Néanmoins c’est une occasion manquée de mieux faire correspondre l’offre aux attentes des consommateurs. Par exemple, il n’y a toujours aucun critère sur l’utilisation quantitative ou qualitative de l’eau alors que cette ressource est un enjeu majeur dans le monde et en France. Aucun critère non plus sur la gestion des déchets (plastique, ferraille, huile). Concernant le bien être animal, il n’existe aucune condition spécifique bio sur le transport et l’abattage des animaux. Autre exemple, il y a trop peu d’élément sur la relocalisation de produits ou la logistique. Par exemple, en Suisse, le transport par avion d’un produit Bio est interdit.

Enfin, les consommateurs sont également de plus en plus demandeur d’un produit local et « socialement respectueux » commercialisés par des acteurs véritablement engagés dans leur responsabilité sociale et sociétale, et pas seulement dans des opérations de communication.

Les entreprises et les filières performantes et durables seront celles qui ont, dès aujourd’hui, une approche qui va au-delà de la simple réglementation bio pour répondre plus largement aux aspirations des consommateurs.

Tribune libre de Patrick SIVARDIÈRE

Certification bio et accompagnement de filières.

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