Mode et Textiles écologiques : dans le bon sens

Avoir le sens de la mode. Redonner du sens à la mode. C’est par l’innovation et la créativité que la Mode Écologique peut imposer ses valeurs.

Un exemple emblématique nous est donné par la Salon de Mode enfantine PLAYTIME PARIS.

Mode Biologique Enfant : une croissance exemplaire

« Grandir Bio » était le thème du Salon NATEXPO 2011, injonction prophétique qui se vérifie pleinement aujourd’hui.

Le Salon PLAYTIME de Mode enfantine, qui s’est tenu au Parc Floral de Vincennes du 28 au 30 janvier 2017, témoigne d’une expansion phénoménale, quoique prévisible,  de la Bio dans le vêtement et l’univers de l’enfant.

Ce premier Salon Lifestyle Enfant, crée en 2007, par Hortensia de Hutten et son fils Sébastien de Hutten actuel dirigeant, pour répondre à un besoin par un nouveau concept focalisé sur la mode, comptait alors 45 exposants.

Dix ans plus tard il réunit 500 marques internationales dont 130 sociétés engagées complètement ou partiellement dans les textiles biologiques.

Playtime s’est largement développé et internationalisé, avec 80 % de ses exposants internationaux, issus de 40 nationalités différentes, aussi bien que ses nombreux visiteurs.

De plus, ce Salon s’exporte deux fois par an, à Tokyo depuis 2010, New-York depuis 2011 et à Berlin à partir de l’été prochain.

Mode  Biologique Femme : le vent en poupe.

Les deux objectifs prioritaires de Pierre-François Le Loüet, nouveau président de la Fédération Française de Prêt-à-Porter, sont :

– le développement du numérique
– le développement de la mode écologique et responsable.

Pour la COP 21 qui a eu lieu à Paris, le groupe de luxe KERING a habillé les 200 hôtesses et hôtes du Bourget avec des tenues PUMA (pilier de son pôle sport et lifestyle), en coton biologique.

Les Salons de Mode écologique se pérennisent tous les six mois, particulièrement en Allemagne :

• INNATEX, consacré depuis plus de 15 ans à la Mode écologique et naturelle, avec 220 exposants
• ETHICAL FASHION SHOW à Berlin, avec 160 exposants
• GREEN SHOW-ROOM à Berlin avec 30 exposants.

… tous témoins du dynamisme de l’activité.

En France : un goulot d’étranglement

Cependant, comme nous l’avons vu dans l’Annexe de l’Etude Economique d’ASTERES, faite par Nicolas Bouzou pour NATEXBIO et publiée dans les Natexnews du 29 Novembre 2016, il existe en France un frein au développement de la Mode Écologique.

Véritable goulot d’étranglement, c’est l’absence d’une chaîne de distribution multimarques dédiée, qualitative et branchée mode, engagée dans la Bio, chaînon manquant entre la création et la production existantes et la consommatrice finale en quête de Mode … en mode bio.

On pourrait imaginer, pour commencer, une petite chaîne de 5 concept-stores, dans les plus grandes villes de France, avec Paris en priorité, regroupant autour d’un lifestyle écologique et très mode, des lignes de vêtements Femme, Enfant, Homme,  des accessoires, des textiles pour la maison, des cosmétiques bio. Avec éventuellement un salon de thé ou de restauration rapide biologique.

Ce type de magasins-univers existe déjà, sous différentes formes,  en Allemagne (Manufactum), Hollande, Scandinavie, Japon, Suisse, Angleterre, USA et devrait se développer à court terme.

En 2016, une étude de la Fédération Française du prêt-à-Porter montre que 70 % des femmes préfèrent acheter des vêtements fabriqués en France, avec le label Pro-France : « Origine France garantie ». 

Or Mode écologique et  « Mode in France » peuvent être compatibles, pour une partie qualitative d’une Slow-Fashion durable et raffinée, antithèse de la mode « kleenex » low-cost et jetable, vendue par les grandes chaînes internationales.

L’industrie textile française, après un démantèlement provoqué par la délocalisation sauvage au cours des 20 dernières années, commence à se redévelopper, avec des initiatives passionnantes.

Trois sites de production de colorants végétaux offrent une alternative santé aux colorants toxiques, cancérigènes et perturbateurs endocriniens, encore largement utilisés dans les pays en voie de développement.

Deux lignes de jeans alternatifs, franco-françaises et écologiques, ont vu le jour…

L’innovation implique nécessairement un marché existant, ainsi que la notion de prix acceptables par le consommateur.

Organiser la distribution en France de la Mode écologique est devenu une urgence et une nécessité. Un trop grand nombre de jolies marques françaises, engagées biologiquement parfois depuis plus de dix ans,  ont disparu, parce qu’elles n’ont pas été soutenues par les pouvoirs publics et les banques et qu’elle n’ont pas trouvé de distribution adéquate en France. On peut ainsi déplorer la disparition d’Ethos, d’Idéo et, tout récemment, de L’Herbe Rouge, faute de financement et de débouchés commerciaux.

– La mode, c’est à la fois l’air du temps, l’innovation, s’appuyant sur une expertise et un savoir-faire.

– La mode, c’est une question de « codes » de reconnaissance, que le numérique propage maintenant de manière virale, à la vitesse de l’éclair. Notamment dans la génération Z,  des « Millenniaux » : les 15 / 20 ans, nés après 1995, et qui prônent  des valeurs inédites, comme la Fraîcheur et la Douceur et sont encore plus concernés par les valeurs écologiques.

– Mais la mode, c’est aussi une culture, une technologie, des fondamentaux, nourris par l’expérience.

Qui aurait parié dans les années 70 / 80 que la croissance de l’alimentation bio serait actuellement de 20 % par an ?

La Mode et les textiles écologiques ne sont, eux, vraiment apparus qu’à l’aube des années 2000.  Et ils ont  devant eux un boulevard : des perspectives de développement illimitées. Comme l’explique Laura Brown, fondatrice d’Ethipop, une communauté de créateurs de mode éthique et responsable :

« ça n’a rien d’une mode passagère, c’est une lame de fond. La mode éthique existe depuis longtemps, elle est juste en train d’émerger à grande échelle ».

Comme le dit l’adage : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin… »

Tribune Libre de Anne Dupuy, experte mode bio