Tribune libre de François Labbaye, Président de Bio Développement

27 septembre 2021

Le consommateur au cœur d’une stratégie et société moderne

François Labbaye, Président de Bio Développement
François Labbaye, Président de Bio Développement

Depuis des décennies, on évolue dans une société de consommation où une partie de l’économie avance avec ses courbes ascendantes dans la création des besoins des consommateurs. « Toujours plus » a été un objectif décliné sur toutes les phases de la réflexion économique et de développement.

Or, pour réaliser un commerce d’avenir et permettre à la planète de pouvoir faire vivre l’ensemble des humains, il faut maintenant repenser la consommation et sa gestion amont et aval. Et ne pas oublier que le consommateur doit aussi évoluer dans sa consommation et mettre ses volontés en action dans ses achats.

En effet, depuis trop longtemps, les sociétés modernes participent à un gâchis d’une surconsommation inutile et ne respectant pas les acteurs de sa construction. Comment motiver des équipes de production à bien faire, quand on sait le taux de gâchis ensuite.

Chaque français jette en moyenne 30 kg d’aliments consommables par an (l’équivalent d’un repas par semaine), dont 7 kg encore emballés. Soit un peu plus de 100€/an encore emballé ou un caddie moyen en moins dans le budget familial selon l’ADEME. Alors que les fabricants et distributeurs passent leurs temps à mettre en place des solutions pour alléger le poids de l’alimentaire dans le budget familial, en restant dans des valeurs de qualité, cela devient un non-sens de continuer à gâcher comme cela encore et encore. A 95%, le consommateur bio affirme qu’il faut changer notre société pour un projet plus propre et plus respectueux du vivant et de la planète. Et lui, en est-il acteur ?

Femme qui fait ses courses

Dans les résultats de l’enquête consommateur de BIO panel 2021, on note que 51% des consommateurs dit « en migration » c’est-à-dire de moins de 3 ans de consommation bio, voudraient consommer mieux et moins. Donc, il est temps qu’ensemble, tous les acteurs de cette production et distribution, nous nous allions pour y répondre.

On achète mieux lorsque l’on sait exactement ce que l’on achète et ce que l’on peut en faire dans sa vie au quotidien. Combien de fois on se demande « pourquoi ai-je acheté ce produit qui ne correspond pas à ce que je voulais ? » Ne serait-il pas à ce moment de lui communiquer le mode d’emploi du mieux consommer ? Et pour connaitre et comprendre le produit, quoi de mieux que de participer à la création d’un produit ou d’une catégorie.  Dans son étude, BIO panel nous relate que 64% des consommateurs ne se sentent pas écoutés dans leurs attentes et vision d’une bio plus adaptée et harmonieuse dans ses valeurs.

L’avenir doit se faire par de la participation et de la cocréation d’une société moderne et pro-active pour un avenir radieux et écologique. Regardons les succès du vrac qui s’est construit d’abord en magasin bio puis maintenant dans des surfaces adaptées et sur une nouvelle forme de business où le consommateur est acteur de la coopérative ou du projet en y adhérant financièrement. On trouve ces formes de business dans la GMS sur des formats américains et en France avec certains réseaux de magasins vrac ou de producteurs bio.

Maintenant le consommateur veut devenir acteur de sa consommation et veut mieux consommer en adaptant encore plus sa pratique à ses besoins. Le rôle du conseil et donc de « l’évangélisation » du consommateur a toute sa place dans notre société moderne de consommation et dans sur nos surfaces de ventes spécialisées. Entre l’urgence climatique, les préoccupations de santé et de développement durable, les consommateurs français, mais aussi européens, ont décidé d’agir. Déjà en 2019, à la lecture de l’étude Greenflex, il ressortait que les Français voulaient changer de modèle de société et de consommation, estimant que ce dernier est à bout de souffle.  60 % des sondés pensaient qu’il était urgent d’agir, 13 % plus défaitistes estimaient qu’il est déjà trop tard. Une part importante des consommateurs conventionnels souhaiteraient, eux aussi, vivre dans une société où la consommation prend moins de place. Ainsi, 86 % d’entre eux pensent qu’il y a de moins en moins de repères dans notre société pour y vivre heureux et 57 % estiment qu’il faut complètement revoir notre schéma économique (versus 30 % en 2017).

Lorsque l’on demande à un consommateur pourquoi il va en magasin bio ou dans un magasin de producteur, il répond qu’il recherche avant tout la préservation de la planète et de sa santé qui est suivie de près dans ce classement par la sécurisation (sans pesticide, OGM, …) et le goût. Lorsque l’on analyse plus en profondeur ces chiffres, on comprend que les « adeptes » vont placer l’avenir de la planète en tête de leurs attentes alors que le consommateur « en migration » ou « néo consommateur » mettra la préservation de sa santé sur la première place du podium. Cependant, on réunit les deux types de consommateurs sur la qualité et le goût ce qui fait du réseau bio, un vecteur répondant à leurs attentes. Même si toutes les enseignes de distribution sont situées différemment sur le territoire (hypercentre, périphérie, rurale), elles répondent bien à ce classement par un suivi strict de leurs approvisionnements et la réponse aux besoins par une étude poussée de l’offre. Il faut maintenant passer le témoin aux consommateurs lors de sa visite en magasin en formant toujours plus aux produits et à la bio le personnel du magasin. Chacun des consommateurs peut avoir accès à cette proposition à partir du moment où il la comprend et y adhère.

L’espoir est donc là, puisque de plus en plus de propositions que l’on peut trouver sur le réseau des magasins bio, sont du type « réutilisation » ou « réduction des emballages ou volumes d’achats ». On se retrouve dans une société qui remonte sur ses piliers de « servir » et défendre des valeurs.  Les services digitaux modernes que l’on connait et ceux qui arrivent vont aussi servir à mieux renseigner le consommateur et donc éviter le gaspillage. 

Lors de l’étude sur le consommateur en 2021, BIO panel a interrogé une communauté de consommateurs bio achetant en magasin bio et il apparait que 66% d’entre eux voient leur consommation stable en 2021 et même à 28% en hausse. 

Voilà une volonté clairement affichée dans un marché où l’alimentation est en régression continue dans les dépenses du ménage. Il faut donc capter cette volonté en la servant par des produits et du service. Ainsi chaque intervenant du marché aura sa place pour agir.

Lorsque l’on se met en perspective sur l’avenir de la proposition bio, on s’aperçoit que le consommateur s’accorde avec le distributeur et le transformateur sur la catégorie locale voir ultra-locale de la bio. Il ne veut pas d’une bio qui vient de très loin. En effet, lors de l’enquête sur l’innovation 2021, ces deux axes sont en tête pour les trois acteurs dans leurs réponses sur l’innovation numéro un qu’il faut travailler dans les années qui viennent et même en perspective rapide puisque 2025.

Le prochain Natexpo de Paris Villepinte va nous montrer les avancées dans les évolutions et les innovations que les transformateurs ont réfléchit durant des derniers mois de covid où l’on sent une nette évolution de l’attente du consommateur. Les chiffres du marché des derniers mois montrent une nette transformation vers un nouveau monde, mais faut-il le comprendre car cette période d’incertitudes à accélérer cette volonté de changement. 

Lors des conférences du Natexpo, nombres de conférenciers vont nous permettre de comprendre et décrypter avec les gagnants des challenges Natexbio ce que le monde de demain sera.

Francois Labbaye, le « Meetic » de la bio

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