Compléments alimentaires : un marché pour le magasin bio?

25 octobre 2014

Sur un marché qui reprend peu à peu de la croissance, qui a connu de multiples modifications réglementaires et qui subit actuellement des changements dans sa distribution, il nous paraissait donc important d’étudier ce secteur pour connaître le positionnement du magasin bio aujourd’hui. C’est pourquoi, et ce, pour la première fois en France, nous nous sommes intéressés aux compléments alimentaires en magasin bio. À travers de nombreux témoignages de professionnels, qu’ils soient fabricants et/ou grossistes, on entend que le magasin bio doit rester le lieu de vente privilégié des compléments alimentaires et ce, essentiellement en raison du conseil et de l’historique. Cette analyse est encore partagé par notre échantillon représentatif de consommateurs bio, mais pour combien de temps ! En effet, Internet menace… « un taux de satisfaction important, une pratique d’achat qui se développe » tels sont les résultats de notre enquête.

Comment optimiser ou maintenir les ventes en magasin bio ?

Là est la question !

Le consommateur bio se déclarant comme tout à fait incompétent dans le domaine, il semble logique qu’il ait recours à de très nombreuses sources d’informations dont internet. Toutefois, quand il est en magasin bio, il attend avant tout que sa recherche lui soit grandement facilitée : en consultant des informations adaptées en rayon, des produits rangés par famille et surtout du personnel disponible et formé ! L’opinion des fabricants conforte en grande partie cette attitude. Selon eux, les points à améliorer sont le niveau de prix, le merchandising et la formation des vendeurs-conseils.

Le merchandising : la clé du succès ?

La réponse est OUI !
Tous les opérateurs du secteur que nous avons interrogés sont unanimes : une bonne gestion du rayon reste primordiale et permettra d’améliorer la rentabilité de l’ensemble du magasin. Rappelons que les compléments alimentaires et les produits qui leur sont associés représentent entre 10 et 20% des ventes de la moyenne des magasins bio et, dans la plupart des cas, entre 18 et 35% de profitabilité.
Enfin, si l’on devait énumérer les principaux facteurs de la réussite du rayon compléments alimentaires, voici ce qui pourrait être rapporté : comprendre le consommateur, bien communiquer, savoir acheter, maîtriser sa gestion (stocks), avoir un rayon attrayant et adapté avec une offre-produit cohérente, faire des animations et former régulièrement ses collaborateurs… et bien d’autre encore…

Historique et grandes dates des compléments alimentaires

Les compléments alimentaires font maintenant partie de vos conseils quotidiens. Qu’ils soient à base de vitamines, de minéraux, de substances à but nutritionnel ou de plantes, ils sont désormais devenus incontournables… Retour sur leur parcours chaotique…

L’histoire des compléments alimentaires (CA) commence dans les années 1970 par un précurseur de la « juste dose » : Linus Pauling qui introduit le concept de nutrition orthomoléculaire : « soulager les personnes par un apport optimal de substances naturellement présentes dans la nature ». L’émergence des compléments alimentaires se fit donc surtout à partir de cette période, et de par leur libre accès, plus particulièrement aux Etats-Unis.

Le marché des CA en France prend naissance dans les années 1980 quand une grande marque s’implante en pharmacie, avec tout d’abord des mono-plantes en gélules (avec une AMM) puis des versions multi-plantes sans AMM.

En 1987, on retrouve les premiers CA hors pharmacie, dans les GMS mais aussi et surtout au sein des « boutiques de régime » du réseau bio, pionnier et avant-gardiste en la matière. Quatre ans plus tard, en 1991, avec le déremboursement des vitamines et des minéraux, le marché commence à se développer réellement, mais pour les petits distributeurs, la grande difficulté à l’époque était le flou règlementaire qui gravitait autour des CA. D’ailleurs, la plupart des laboratoires ont connu des procès pour « tentative d’exercice illégal de la pharmacie ».

En 1996, l’affaire de la « vache folle » a imposé au niveau européen un contrôle strict sur les gélules à base de gélatine bovine. Le premier décret français sur les CA a donc vu le jour le 15 avril 1996, les reconnaissant comme des « produits destinés à être ingérés en complément de l’alimentation courante afin de pallier l’insuffisance réelle ou supposée des apports journaliers ». Ce texte concernait donc les vitamines et les minéraux mais gardait les plantes à l’écart.

Le 10 juin 2002, une directive européenne (2002/46/CE) voit le jour avec une définition plus large, prenant en compte les plantes et autres substances à buts physiologiques. Cette directive européenne ne fut transposée en droit français que le 20 mars 2006 par un premier décret d’application (2006-352) avec une procédure de demande d’autorisation de mise sur le marché pour chaque complément. Les dossiers devaient être déposés à la DGCCRF soit :

● Selon l’article 15 : pour les substances ayant déjà fait l’objet d’une autorisation d’emploi dans les denrées ou les CA, par simple notification,
● L’article 16 (la majorité) : pour les préparations non autorisées en France mais ayant déjà eu un agrément dans d’autres états membres (procédure dite de reconnaissance mutuelle entre les états),
● L’article 17 (Novel food) : pour les substances non utilisées depuis 1997 en Europe, avec des preuves de l’innocuité du produit. Le 9 mai 2006, un arrêté relatif aux nutriments pouvant être employés dans la fabrication des CA fixa une liste positive des différentes formes de vitamines et minéraux, et les doses journalières maximales. Suite aux dépôts des dossiers, la DGCCRF a donc établi entre 2006 et 2007 un projet d’arrêté reprenant les plantes autorisées en application de l’article 16. Ce projet a été soumis à l’ANSES pour évaluation scientifique et à fait l’objet de 2 avis (21 déc. 2007 et 8 sept. 2008). Aucun accord n’ayant été trouvé, ce texte n’a finalement pas été adopté.

Les décrets n°2008-841 et 2008-839 du 22 août 2008 ont toutefois libéré 148 plantes du monopole pharmaceutique.
Avant cela, seulement 34 plantes étaient autorisées en l’état selon le décret n°79-480 du 15 juin 1979 relatif à la vente au public des plantes médicinales inscrite à la pharmacopée. Une liste de 222 allégations de santé autorisées a été publiée le 14 juin 2012 au journal officiel de l’Union Européenne, marquant une reconnaissance officielle de l’action bénéfique des vitamines, minéraux et de certaines substances. L’arrêté « plantes », qui concerne tous les CA à base de plantes, va finalement voir le jour cette année, avec une première signature ayant été effectuée le 24 juin 2014. Elle répertorie plus de 400 plantes autorisées. Les fabricants et distributeurs ont 6 mois (jusqu’à la fin de l’année) pour se mettre en conformité.

L’histoire des CA a donc été régi par :

● La réglementation,
● Le déremboursement de certaines spécialités pharmaceutiques,
● La montée de l’automédication et des médecines complémentaires,
● Et surtout les personnes qui se sont battues pour faire reconnaître les CA, c’est à dire non seulement les gros laboratoires mais aussi et surtout les PME et TPE françaises.

Par Angélique Houlbert – Nutritionniste

Sources: Dossier Compléments Alimentaires de Biolinéaires et Synadiet


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