Entretien avec Antoine Lemaire, co-fondateur de Bio Linéaires

29 juin 2020
Antoine Lemaire
co-fondateur et responsable éditorial
de Bio Linéaires

Fondateurs du magazine Bio Linéaires en 2005, Antoine Lemaire et Philippe Delran sont considérés parmi les meilleurs spécialistes de la Bio en France, tant au niveau de leur connaissance des marques, des produits ainsi que de leur distribution. Antoine Lemaire, co-fondateur et responsable éditorial du magazine, a accepté de répondre à quelques questions: portrait de cet éditeur militant et attachant, bien connu de l’ensemble des professionnels de la filière bio qui se retrouvent au sein de la Fédération Natexbio.

Natexbio : Antoine, pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre parcours professionnel et votre engagement dans la bio ?

Antoine Lemaire : J’ai un parcours assez atypique dans la filière bio. En effet, je suis comme Obélix, tombé « dans la marmite » dès mon plus jeune âge. Et pour cause, je suis issu de la famille Lemaire qui, dès les années 1920, avec mon grand-père Raoul, puis dans les années 1960 avec mon père Jean-François ont mis en place les grands fondements de l’agriculture biologique en France, plus connue sous le nom de « méthode Lemaire-Boucher ». Ainsi, j’exerce dans la bio depuis près de 35 ans. J’ai été co-fondateur en 1989 de la revue Bio « Du Sol à la Table » et en 2005 avec Philippe Delran du magazine Bio Linéaires. En parallèle, je suis intervenu dans différents secteurs du bio : négociant en céréales, grossiste en F&L et distributeur d’écoproduits. Enfin, depuis 2004, je participe en tant que formateur au programme de formation du CQP Bio et de la formation continue Synadis Bio.

Natexbio : en 2005 vous créez Bio Linéaires avec Philippe Delran, pouvez-vous nous expliquer la genèse du magazine ?

Antoine Lemaire : Bio Linéaires est la suite logique de différents organes d’information bio créés il y a maintenant 56 ans dans la famille. « Agriculture & Vie » en 1964 et « Du Sol à la Table » en 1989. C’est aussi la rencontre avec Philippe, conseil en communication opérationnel et en arts graphiques, qui est devenu très rapidement un expert reconnu dans le monde de la bio.

Natexbio : Comment définiriez-vous le positionnement de Bio Linéaires ?

Antoine Lemaire : Bio Linéaires est un média professionnel btob qui apporte aux distributeurs spécialisés bio et diététiques, tous les conseils et les informations pour optimiser leur point de vente. C’est-à-dire améliorer l’argumentaire des vendeurs par une meilleure connaissance des produits grâce à des conseils produits (fiches techniques, dossier), apporter des idées pour améliorer la présentation du magasin (agencement, gestion), faire découvrir les dernières nouveautés produits et informer les magasins sur leur environnement économique, sociétale, social et juridique. Mais ce qui nous singularise, et c’est notre ADN, c’est d’être créateur d’information. En effet, depuis plus de 15 ans, nous avons noué des partenariats avec des experts et ainsi pu mettre en avant certaines tendances dont on parle beaucoup aujourd’hui : le vrac, le made in France, le local, la RSE, le flexitarisme, etc.  

Bio Linéaires s’adresse aux professionnels de la distribution spécialisée bio (+ de 3 000 points de vente) mais aussi aux fabricants, aux prestataires de service et ce en France, en Belgique, au Luxembourg et en Suisse.

Natexbio : Durant la crise sanitaire, en tant qu’acteur et media du marché professionnel de la distribution de produits bio, comment avez-vous fait face à cette situation exceptionnelle

Antoine Lemaire : Comme tout le monde, nous avons « encaissé » le choc sans trop savoir ce qu’il allait advenir, et combien de temps cela allait durer. Sur le plan technique, nous avons su très vite qu’il ne serait pas possible de sortir une version « papier classique » de notre magazine de mai/juin en raison de la fermeture de notre routeur quelques jours après le confinement. C’est pourquoi, la nécessité de proposer une version numérique de notre numéro 89 s’est rapidement et naturellement imposée afin d’être au rendez-vous. Par la suite, dès qu’il a été possible de la faire, nous avons sorti la version « print ». Outre l’aspect pratique, il a surtout fallu s’adapter à l’actualité Covid-19 et ainsi revoir complétement le planning rédactionnel prévu sur ce numéro. Tous nos rédacteurs, nos partenaires et experts ont donc été mobilisé et nous les remercions, pour sortir une édition « spéciale Covid-19 ».

Natexbio : Bio Linéaires s’est limité à ce seul changement, ou bien d’autres modes de communication ont émergé ?

Antoine Lemaire : Nous avons aussi « boosté » notre newsletter, jusqu’à en envoyer deux par semaine. Il est vrai qu’alors l’activité du marché était – et reste encore – très riche, et nous recevions énormément d’informations de la part des marques, producteurs et distributeurs qui souhaitaient nous solliciter en tant que relai d’information pour leur actualité. Nous avons aussi relayé de nombreuses informations règlementaires et sanitaires fournies par nos institutions et syndicats professionnels comme le Synadis Bio et le Synabio.

Comme pour beaucoup, cette période de crise nous a fait prendre conscience de l’importance du numérique. Nous proposons désormais de nouvelles offres d’abonnement (papier / numérique) et plus particulièrement une offre réservée aux magasins bio afin de rendre le magazine encore plus accessible au personnel.

Bio Linéaires N° 89 spécial Covid-19.

Natexbio : Et en termes de contenu rédactionnel, comment avez-vous « collé » à cette réalité très particulière pour les distributeurs et les marques ?

Antoine Lemaire : Vous le savez, Bio Linéaires a pour vocation d’être toujours au plus près des attentes de la filière. Pour cela nous avons choisi de mener très rapidement trois enquêtes très ciblées afin de prendre le pouls des MSB en France et en Belgique, ainsi qu’une enquête auprès des consommateurs. Les résultats sont à découvrir dans notre numéro « spécial Covid-19 » de mai-juin 2020.

Natexbio : On dit souvent que le conseil est la clef de voûte du magasin bio. Quelle importance accordez-vous à ce critère ? ou à d’autres ?

Antoine Lemaire : Le conseil est bien-sûr un des éléments majeurs de différenciation du magasin spécialisé bio vis-à-vis des autres circuits de distribution. Les clients viennent avant tout pour les produits bio mais en veulent davantage. Ils sont de plus en plus exigeants et souhaitent avoir le maximum d’informations sur les produits. La formation professionnelle est donc indispensable et devrait même être une priorité. Les efforts doivent être poursuivis afin que les nombreux nouveaux vendeurs arrivent en magasins bio avec un minimum de qualification « bio » …

J’insiste sur le fait que les responsables de rayon des magasins bio doivent être de mieux en mieux formés aux produits, au moins aussi bien que les consommateurs qui, eux, se renseignent énormément sur internet avant d’acheter.

Natexbio : Le salon Natexpo de Lyon aura lieu fin septembre. Quelle est votre vision de cette prochaine édition ?

Antoine Lemaire : Je suis un fidèle de ce salon car j’y participe depuis 1991. Selon moi, c’est le salon incontournable de la filière. Dans un secteur qui évolue très vite, les acteurs économiques ont besoin de rendez-vous pour se retrouver. Il faut donc continuer dans ce sens. J’encourage donc tous les opérateurs de l’alimentaire bio, de la diététique, des compléments alimentaires, des cosmétiques naturels et bio ainsi que des écoproduits à y être présent. Vue la crise sanitaire actuelle que nous traversons, la tenue de ce salon est d’autant plus importante.

Natexbio : Les professionnels des produits biologiques sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Antoine Lemaire : Je n’ai malheureusement pas la formule gagnante, mais l’hygiène de vie, pour moi, c’est un peu comme pour un édifice, les fondations sont primordiales. Les premières années de la vie (et les mois d’avant) sont des périodes cruciales pour le reste de notre existence. C’est à ce moment que les défenses immunitaires se construisent. C’est pourquoi, je remercie mes parents de m’avoir « dopé » dès mon plus jeune âge aux premiers produits bio complets, à l’huile de foie de morue, au chlorure de magnésium, au lithothamne… Par la suite, il ne reste plus qu’à entretenir ce capital !

C. Beaubaton pour Natexbio

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