Entretien avec Frédéric Terrisson, Directeur Général du Groupe Natimpact

Une démarche originale pour ces trois PME de l’agroalimentaire, Bio et au savoir-faire unique, regroupées sous la bannière du Groupe Natimpact. Un groupement d’entreprises créé en 2019 afin de mutualiser leur force commerciale et mettre en avant ce qu’elles ont de meilleur, à savoir, des produits premium et délicieux, reconnus par les distributeurs et les consommateurs. Frédéric Terrisson, nouveau Directeur Général du Groupe, nous parle des marques, des produits, des engagements et des projets à venir.

Natexbio : Frédéric Terrisson, cela fait maintenant 18 mois que vous avez été nommé à la tête du Groupe Natimpact, en tant que Directeur Général. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel avant d’en arriver là ?

FT : « Après avoir fait l’école de commerce de Pau, j’ai fait mes premières armes dans le Groupe Sopexa, durant 5 ans, au service marketing. Par la suite j’ai intégré le Groupe Nutrition & Santé, où je suis resté 22 ans, soit la majeure partie de ma vie professionnelle à ce jour ! À l’intérieur de ce groupe, j’ai évolué à plusieurs postes commerciaux et marketing : 11 ans sur le marché de la GD, au marketing puis au commercial, très « endurcissant » et formateur… puis 11 autres années à la direction du réseau des magasins Bio. Je gérais une équipe d’une vingtaine de personnes. Nous avons connu de belles années de croissance interne et externe des marques Soy, Céréalpes, Valpibio, ou encore les P’tits chefs du Bio, pour atteindre un CA cumulé de 36 millions d’euros à cette période.  »

Natexbio : Qu’est ce qui constitue Natimpact à ce jour ? Comment est structurée l’entreprise, et quelles sont les marques qu’elle distribue ?

FT : « Natimpact a été créé à l’initiative de Didier Suberbielle, qui fut mon Président chez Nutrition & Santé durant 12 ans ; j’appréciais particulièrement sa vision du marché et de l’entreprise. Aujourd’hui, en tant que Président de Natimpact, c’est quelqu’un qui me donne toute sa confiance et me laisse beaucoup d’autonomie, ce qui est très important pour moi. Avec l’autre associé fondateur, Frédéric Grünblatt, fondateur de Vitafrais, nous avions par le passé une relation « client-fournisseur », dans laquelle les négociations étaient parfois tendues, mais nous nous sommes toujours appréciés. Natimpact aujourd’hui, c’est 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 12 millions sur le marché du Bio. Les marques que nous réunissons sont déjà connues sur le marché des MSB : Bovetti, pour les chocolats, Saveurs & Fruits (ex Saveurs Attitudes, société Naturgie) pour les confitures, Le Voyage de Mamabé pour les sauces et condiments du monde (marque bio de la société Le Coq Noir).  »

GROUPE NATIMPACT :

CA cumulé = 25 Mio Euros

50% du CA réalisé dans le réseau Bio / 75% des ventes en Bio

115 collaborateurs(trices) : Naturgie (60), Bovetti (25), Le Coq Noir (30)

Objectif 2025 : doubler le CA et le nombre d’entreprises

Natexbio : Et quel est votre mission au sein de Natimpact ?

FT : « Ma mission est d’assurer et de faire fonctionner au mieux un pôle de gestion commun aux trois sociétés, pour tout ce qui concerne le marketing et la commercialisation des produits. Elle est aussi de faire vivre et développer la philosophie de la marque, au travers du rachat de PME Françaises et bio, et de les faire vivre en toute autonomie, structure commerciale mise à part. J’insiste sur cette « philosophie managériale », qui fait toute l’originalité de Natimpact : on laisse les « satellites » fonctionner de manière autonome pour simplifier les choses, et ça marche : nous arrivons ainsi à conserver l’agilité propre aux « petites » entités, et à éviter un cloisonnement des tâches et un management centralisateur qui manquerait de sens, ou qui pourrait conduire à la démotivation des salariés. Plus concrètement, nous avons par exemple étoffé l’équipe commerciale chez Naturgie, car nous jugions cela nécessaire pour cette entité.

Ma mission de Directeur Général au sein de Natimpact est multiple :

• Avoir une vision large du marché, coordonner nos actions et développer une stratégie commerciale pour toutes les marques que nous distribuons.
• Apporter une expertise marketing et commerciale : orienter la stratégie, conserver un regard extérieur, construire la direction commerciale à suivre.
• Construire une équipe commerciale commune pour nos marques, sur le réseau spécialisé Bio et les épiceries fines.
• Rechercher, avec l’appui de Didier Suberbielle et des associés du groupe, de nouvelles entreprises à acquérir, soit par une entrée au capital majoritaire, soit via un rachat à 100%. Pour information, nous détenons 100% du capital de Naturgie, et sommes actionnaires à 87,5% du capital de Bovetti et 75% du Coq Noir, le plan étant de détenir 100% de ces 2 sociétés d’ici un an.

Pour résumer nos ambitions :

Poursuivre notre chemin en acquérant des entreprises et des marques avec un  savoir-faire artisanal distinctif, bien ancrées dans un territoire agricole riche. »

Natexbio : Qui sont vos consommateurs ? Qu’apprécient-ils dans les marques et les produits que vous distribuez ?

FT : « Nos consommateurs sont avant tout ceux du réseau Bio spécialisé, la bio étant la base commune de nos trois marques. Ce qui différencie nos marques, c’est essentiellement la qualité premium de nos produits et des qualités organoleptiques supérieures au standard.

Prenez par exemple notre pâte à tartiner de chez Bovetti à base de noisettes : nous y mettons 40% de noisettes, du chocolat pur beurre de cacao, et elle est sans lécithine, sans huile de palme ni de coco… ce qui lui donne un goût incomparable. Tous les produits Bovetti sont des créations innovantes et haut de gamme, en plus d’être bio et équitables.

Pour les confitures chez Naturgie c’est pareil : nous possédons un savoir-faire unique dans la cuisson à basse température sous vide ; un procédé de fabrication qui respecte le fruit au maximum, donc un goût et une texture au top ! De plus, nous proposons des gammes 100% fruits au jus concentré de fruits, ou encore avec seulement 40% de sucres. 

Et pour nos sauces proposées sous la marque « Le Voyage de Mamabé », marque Bio issue de notre entreprise Le Coq Noir, le fait que nous n’utilisions aucun arôme ni conservateur, ainsi qu’un minimum de stérilisation et de pasteurisation, ça donne des produits délicieux et très haut de gamme, à partir d’ingrédients cueillis à la saison, à juste maturité et cuisinés, en campagne, une seule fois dans l’année.

Le consommateur aujourd’hui recherche plus que du bio, et nous savons répondre à sa demande.

Pour résumer ce qui fait la qualité générale de nos produits, chez toutes nos marques, c’est notre attachement à des critères de différenciation, tant au niveau du choix des ingrédients, très qualitatifs, que du choix des origines. Nous créons des filières bio locales pour nos approvisionnements. Aujourd’hui, le consommateur bio ne fait plus de concessions et les marques doivent répondre à ses exigences, c’est pourquoi nous avons cette volonté de ne racheter que des PME Françaises, qui ont de vraies valeurs. Ajoutez à ça des packagings éco-conçus et un savoir-faire reconnu, et vous obtenez d’excellents produits à tous points de vue. »

Natexbio : Quels sont les canaux de distribution que vous utilisez ?

FT : « Essentiellement le réseau spécialisé Bio, pour 50% de notre chiffre d’affaires, pour toutes les enseignes, toutes gammes confondues. Pour les autres canaux, la répartition se fait sur le marché de la GMS (15%), les épiceries fines (12%), l’export (10%), ou encore la fabrication « à façon », sous d’autres marques.  »

Natexbio : Avec la crise sanitaire, 2020 a été une année très atypique pour le marché en général, et  a impacté positivement beaucoup d’acteurs de la bio. Qu’en a t il été pour vos entreprises ? Et comment se passe l’année en cours ?

FT : « Comme beaucoup de marques, nous avons connu une croissance assez exceptionnelle à 2 chiffres en 2020 sur le réseau spécialisé Bio. Sans surprise, durant les deux confinements, les produits qui ont le mieux marché ont été les aides culinaires (Le Voyage de Mamabé), ou encore le chocolat et les pâtes à tartiner (Bovetti). À l’inverse, mais c’est assez logique, nos exportations ont baissé, ainsi que nos ventes sur le réseau de la RHD. Les choses devraient revenir à la normale en 2021, notamment l’export avec notre présence à nouveau sur les salons. »

Natexbio : Pouvez-vous nous parler de votre stratégie de développement pour les années à venir ?

FT : « À l’horizon 2025, nous visons un CA de 50 à 70 millions d’euros, associé au rachat de nouvelles entreprises, françaises et bio, avec un projet RSE et un vrai potentiel de croissance. Nos axes de développement autour de cet objectif seront l’expertise industrielle, le savoir-faire, la R&D, le maintien d’ingrédients premium, du made-in-France et du Clean Label. »

Natexbio : Justement, concernant les valeurs de la Bio ; comment Natimpact les concrétise au travers de sa RSE ?

FT : « Chacune de nos marques pratique la RSE à sa façon, et comme je le disais plus haut, cette responsabilité demeure un des principaux critères de sélection de nos entreprises.

Chez Naturgie, nous privilégions toujours l’approvisionnement local pour les fruits, et nous avons même recruté une personne pour cette mission très importante à nos yeux. Nous avons ainsi la gamme la plus large du marché à base de fruits français, des initiatives auxquelles nos consommateurs sont très sensibles. Certifiée Bio depuis trois décennies déjà, l’entreprise est aussi labellisée PME+ et Bio-entreprise-durable. Privilégier les matériaux recyclables comme le verre de nos pots, récupérer l’eau pour la réutiliser, prétraiter les effluents… autant d’actions concrètes que nous menons pour la RSE de cette belle société.

Exemple le plus récent de notre démarche : chez Bovetti nous venons d’investir 400 000 euros dans un outillage qui va nous permettre d’accompagner la croissance de la demande de chocolat 100% bio et équitable. Pour le cacao, nous n’hésitons pas à aller visiter les plantations de cacao et vérifions les conditions de travail et de vie des travailleurs. Nous privilégions pour nos tablettes les étuis carton recyclables, ainsi que les sachets compostables, et l’aluminium a toujours été exclu de nos emballages.

Le Coq Noir, propriétaire de notre marque « Le Voyage de Mamabé », a développé une filière locale unique de « piment de Provence ». Pour les citrons, nous avons également créé une filière directe, sans intermédiaire au Maroc, qui nous garantit la qualité des produits et la transparence des conditions de travail.

Nous possédons une station d’épuration via les plantes (phyto), et recyclons tous les déchets. De même nos emballages sont éco-conçus, du pot de verre jusqu’à l’étiquette. Certifiée ISO 26000, PME+ engagée, l’entreprise a la particularité de fonctionner sans hiérarchie classique, en entreprise libérée, autre originalité qui mérite d’être soulignée !

D’ici 2022, toutes nos entreprises seront Bio Entreprise Durable.

Nous veillons de près à ce que les 4 piliers de la RSE soient respectés dans chacune de nos entreprises, et nous nous employons à renforcer nos critères d’évaluation :

• Nourrir les gens avec des produits sains et gourmands.
• Développer une croissance durable, basée sur des partenariats de confiance.
• Améliorer sans cesse les conditions de travail de nos salariés.
• Réduire l’impact environnemental de chacune de nos entreprises.

Sur nos trois sites de production, nous veillons en permanence à améliorer les conditions de travail de nos salariés (thermique, acoustique, extraction des fumées, …), ainsi que leur sécurité. Tous ces investissements au niveau de notre RSE peuvent se faire grâce à notre croissance. »

Natexbio : Et quels modes de distribution et de consommation voyez-vous se développer pour vos marques ?

FT : « Nous sommes déjà sur le e-commerce, chez les pure players bio, qui appliquent les mêmes règles éthiques que dans le réseau spécialisé ; ce qui explique que nous n’irons jamais vendre nos produits sur des plateformes de e-commerce généralistes, aux côtés de marques non bio. D’une autre part, nos sites de vente pour les trois marques sont en cours de remaniement, et nous prévoyons d’y ajouter un site « multi-boutiques » qui permettra aux consommateurs intéressés d’acheter sur un seul site l’ensemble des produits de nos trois marques. »

Natexbio : Une majorité d’acteurs de la Bio sont impatients d’aller au salon Natexpo en octobre prochain. Y serez-vous ? Et quelles sont vos attentes ?

FT : « Bien sûr, nous y serons, et même avec deux stands : Bovetti et Naturgie d’un côté, Le Coq Noir de l’autre ! Natexpo est pour nous le grand rendez-vous de l’année, celui où nous allons présenter nos dernières innovations et discuter avec grand plaisir avec nos clients et confrères ; sans oublier les acheteurs qui viennent nous voir spontanément. Cela fera le plus grand bien à tous les acteurs du Bio en France et d’ailleurs de s’y retrouver. »

Propos recueillis par Christophe Beaubaton