Entretien avec Gaëlle Frémont d’Ingrebio

29 octobre 2019
Gaëlle Frémont au salon Natexpo 2019

Ingrebio est un cabinet de conseil spécialisé dans les ingrédients alimentaires certifiés bio. Entretien avec sa fondatrice, Gaëlle Frémont, qui a pour ambition de contribuer au développement de la filière bio en aidant à la mise en relation des fournisseurs d’ingrédients et des transformateurs bio.

Natexbio : Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

Gaëlle Frémont : Je suis issue d’une formation d’ingénieur en agro-alimentaire et ai exercé pendant 10 ans dans le secteur des ingrédients naturels. La tentation d’indépendance et l’envie de mettre mes compétences au service de la filière bio m’a conduit en 2013, à fonder INGREBIO.

Natexbio : Comment est née l’idée d’Ingrebio ? 

Gaëlle Frémont : Il y a 10 ans, le marché bio n’était pas encore aussi développé et les fournisseurs d’ingrédients ne communiquaient que très peu sur leur offre bio. J’ai pu être sollicitée plusieurs fois par des transformateurs de produits bio en recherche de solutions pour innover. En creusant un peu, j’ai vite constaté que ce maillon de la chaîne agro-alimentaire que sont les ingrédients (produits de première transformation), était occulté des outils et des chiffres à disposition de la filière bio. L’idée de proposer un outil de service et de veille dédié à ce secteur intermédiaire a donc germé… pour aboutir à INGREBIO. Aujourd’hui, notre site ingrebio.fr est un média reconnu par les fournisseurs d’ingrédients bio qui l’utilisent pour leur visibilité, et par les transformateurs bio qui y puisent leurs ressources pour innover et s’approvisionner.

Natexbio : Pour la 3ème année consécutive vous avez organisé le Forum des ingrédients bio au salon Natexpo où ont été présentées plusieurs innovations. Quelles sont les dernières tendances en termes d’ingrédients biologiques ?

Gaëlle Frémont : En effet, nous animons le Forum dédié au ingrédients biologiques depuis la création d’un Pôle Ingrédients & Matières Premières sur Natexpo. Nous y réunissons un pool d’experts variés pour discuter des enjeux de la bio, que sont la réglementation, la nutrition, la qualité ou le sourcing. J’introduis pour ma part ce Forum avec une présentation des tendances en matière d’ingrédients bio. Dans le contexte de fort développement du marché et avec l’arrivée de nouveaux intervenants du conventionnel, être certifié bio ne suffit plus. L’innovation et la différenciation passe donc par de la valeur additionnelle. Ingrédients issus de l’économie circulaire, ingrédients zéro gaspillage, ingrédients durables ou issus du commerce équitable, témoignent du travail qui est fait sur la qualité des filières. Et puis, le développement de la bio a aussi mené à une offre plus large en ingrédients plus fonctionnels, plus pratiques et plus diversifiés…

Intervention de Gaëlle Frémont au Forum des ingrédients bio du salon Natexpo 2019
Crédit photo ©Nicolas Rodet

Natexbio : L’un de vos intervenants a souligné les changements de motivation nutritionnelle et de goût des clients bio en Europe. Quels sont les enseignements de ces évolutions de consommation ?

Gaëlle Frémont : En effet, nous avons invité Klaus-Jürgen Holstein, consultant en Allemagne et spécialiste des tendances bio. Cet observateur des marchés franco-allemands voit une évolution du comportement des consommateurs cherchant à manger mieux et plus responsable. Il observe une montée de la demande pour des produits et des ingrédients végétariens innovants. En revanche, il regrette que le marché français se ferme peu à peu à de nombreuses opportunités en focalisant de plus en plus sur l’origine France.

Natexbio : Face aux difficultés d’approvisionnement, certaines entreprises ont fait le choix de développer leurs propres filières. Quelles sont les étapes pour créer une filière bio française de A à Z ?

Gaëlle Frémont : Grâce aux exemples et aux témoignages d’entreprises du secteur des PPAM, Marithé Castaing du Cluster Bio a délivré plusieurs clés pour aider les entreprises a initié la démarche de création de nouvelles filières bio. Cela peut en effet être un recours intéressant en cas d’absence de filières spécifiques en France (comme le houblon par exemple) ou tout simplement pour sécuriser ses approvisionnements. Mais cela implique aussi de s’investir dans la compréhension des problématiques en amont, puis de s’engager dans une relation durable avec ses partenaires producteurs. Marithé a cité plusieurs outils d’aide et ressources pour faciliter cette démarche en France.

Natexbio : Il y a quelques semaines, le Synabio a présenté son nouveau label RSE BIO. Quid de l’optimisation des achats d’emballages afin de réduire leur empreinte carbone des produits bio?

Gaëlle Frémont : D’après Jean-Christophe Briet, consultant spécialiste des achats bio et RSE, intégrer la fonction Achats dans la stratégie RSE d’une entreprise est une évidence, qui devient de plus en plus une nécessité (et pas seulement réglementaire). Comme le consommateur identifie le porteur de la marque comme responsable, l’entreprise agroalimentaire se doit de mettre en place une politique d’achats responsables globale, qui répondra aux attentes de ces consommateurs. Dans l’exemple des achats d’emballages, Guillaume Gourmelon, consultant Achats Emballages et Transports chez SWOTT, a montré que l’intégration de l’éco-conception dans le choix d’une bouteille permettait non seulement de réduire l’impact environnemental de cet emballage mais aussi de réduire les coûts de transports et les coûts globaux pour l’entreprise.

Intervention du Synabio au Forum des ingrédients bio (salon Natexpo 2019)

Natexbio : Le nouveau règlement européen de l’agriculture biologique qui entrera en vigueur le 1er janvier 2021 impose de nouveaux changements. Quelles sont les perspectives et les conséquences pour les transformateurs de produits bio ?

Gaëlle Frémont : Grâce à l’intervention du Synabio, nous avons pu faire un point à date sur les évolutions réglementaires qui toucheront la formulation et la transformation de denrées alimentaires à horizon 2021. Bernard Lignon, chargé de projet Qualité et Réglementation, a pu annoncer en avant-première la mise à jour des annexes VIII et IX, qui devrait être publiée prochainement. En particulier, on retient de plus grandes exigences d’origine bio pour certains additifs comme les gommes végétales. Des travaux sont également en cours pour délimiter le champ d’utilisation des produits de nettoyage et désinfection dans les usines. Un focus spécifique sur les arômes a permis d’éclairer les professionnels sur la future définition des arômes biologiques et les types d’arômes qui seront autorisés dans les produits bio.

Natexbio : Les professionnels des produits biologiques sont aussi des ambassadeurs du bien-être. Quelle est la formule gagnante de votre hygiène de vie ? Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs ?

Gaëlle Frémont : Je suis d’une nature plutôt optimiste et je me réjouis des bonnes nouvelles. Je crois que c’est pour cela que j’aime valoriser les initiatives vertueuses des acteurs de la bio. Je ne prétendrai pas avoir « la formule gagnante », mais dans mon quotidien, je considère souvent que chaque problème a une solution ou une explication. Je suis loin d’être un modèle en terme d’hygiène de vie, mais je suis attentive aux signaux que m’adresse mon corps, mes émotions, voire mon entourage pour ne pas me laisser déborder. Un conseil ?… je dirai surtout prendre le temps régulièrement de faire un pas de côté pour s’observer, observer sa vie, prendre du recul – ça aide à y voir plus clair et à se recentrer, par exemple sur ce qui compte vraiment – … et prendre le temps de jouer et de rire avec ses enfants !!

Propos recueillis par Natexbio


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