Les produits locaux dans les magasins bio en France

14 octobre 2019

Quelle est la place des produits locaux dans les magasins spécialisés bio ? Réponse dans l’enquête du cabinet d’étude franco-allemand Ecozept. Cette consultation, effectuée entre mai et juin 2019, porte sur un échantillon de 106 magasins répartis dans 12 régions de la France métropolitaine.

Parmi les magasins spécialisés bio (MSB) enquêtés, 10 % font partie de chaînes intégrées, 33 % de chaînes partiellement intégrées, 11 % de groupements indépendants et 45 % sont des indépendants purs. Ils ont, en moyenne, une surface de magasin de 263 m2, un chiffre représentatif des MSB français.

65% des magasins ayant un rayon vrac s’approvisionnent localement.

97 % de l’échantillon étudié s’approvisionne en produits locaux, contre 96 % en 2015, confirmant l’importance du local pour les magasins bio. 97 % affirment également que leurs clients sont sensibles à la provenance locale des produits et 94 % sont convaincus que le réseau de distribution spécialisée doit absolument proposer du bio local.

Des produits locaux mieux perçus

Le ressenti des MSB vis-à-vis de la disponibilité des produits locaux a fortement évolué ces dernières années. Si en 2015, trois quarts des magasins estiment qu’il est difficile de trouver localement les produits qu’ils souhaitent, ils ne sont plus que 53 % à le penser en 2019. De surcroît, la perception qualitative des produits bio locaux s’est aussi améliorée : 85% des magasins rejettent, cette année, l’affirmation selon laquelle « la qualité des produits bio locaux n’est pas toujours à la hauteur », soit 10 points de plus qu’en 2015. Par contre, la satisfaction des magasins par rapport à la fréquence des livraisons a enregistré une baisse (66 % en 2019 contre 74 en 2015).

Soutien à l’économie locale

Les MSB indiquent à 69 % s’approvisionner en produits locaux pour soutenir l’économie locale, à 62 % pour agir pour l’environnement et 58 % pour répondre à la demande. La place des produits locaux en magasin bio va croissant accompagnant, d’une part, la demande des consommateurs clients et, d’autre part, la plus grande disponibilité de ces produits pour le réseau spécialisé.

Une définition aléatoire du « local »


Cependant, la définition du local varie de 20 à 300 km autour du magasin et de la commune à la région selon les interlocuteurs. Si pour les chaînes, comme Biocoop, le local est défini d’une manière précise à un rayon de 150 km autour du magasin, pour les indépendants purs, la définition reste variable d’un magasin à l’autre. En moyenne, la définition du « local » (tel que suggéré par les gérants interviewés) est située à 105 km autour du magasin (tout comme dans les résultats obtenus en 2015).

Cette étude révèle également que seuls 13 % des magasins ont procédé à des changements internes pour s’approvisionner (ou optimiser leur approvisionnement) en produits locaux. Ces changements correspondent à un changement de fournisseurs, une réorganisation du magasin ou au niveau administratif, une adaptation de la logistique ou du personnel.

Un lien direct avec les producteurs

Comment les magasins spécialisés bio constituent-ils leur offre locale ? En nouant des liens avec des fournisseurs locaux réguliers (24 en moyenne chez nos enquêtés ; un chiffre qui varie selon de 1 à 100) et grâce à un lien fort avec la production agricole. Ainsi 91 % des magasins s’approvisionnent directement auprès des producteurs pour une partie ou la totalité de leurs approvisionnements en produits locaux.

En outre, un tiers des MSB s’approvisionne auprès des transformateurs ou fabricants et un autre tiers auprès de coopératives ou groupements d’agriculteurs. Les magasins restant composent leur offre locale auprès des grossistes (à 17 %), de plate-formes dédiées (6 %) et de centrales d’achats (4 %).

En comparant les résultats à l’enquête de 2015, nous constatons un renforcement significatif du lien direct avec les producteurs. De plus, il y a une baisse de fournisseurs mobilisés entre 2019 et 2015, suivant la tendance générale des acteurs de l’agroalimentaire à baisser leur nombre de fournisseurs.

16 % du chiffre d’affaires issus du local

75 % des magasins sondés relèvent une augmentation (10 % en moyenne) des ventes de produits locaux par rapport à l’an dernier, 22% un chiffre stagnant et 3 % une baisse (6 % en moyenne). Quid de la part du local dans le chiffre d’affaires des MSB ?

Elle se situe autour de 16 % en moyenne (et varie de 1 à 60 %), soit un chiffre en nette augmentation depuis notre enquête de 2015 où à l’époque, la part de local représentait en moyenne 10 % du CA des magasins.

D’après notre analyse, il ressort que les chaînes intégrées et partiellement intégrées ont 28 fournisseurs locaux en moyenne et réalisent près de 8 900 euros de chiffre d’affaires par fournisseur. Les magasins indépendants, avec 24 fournisseurs en moyenne (ce qui est égal à la moyenne globale de l’échantillon étudié) ont un chiffre d’affaires moyen de 9 000 euros par fournisseur; tandis que les indépendants purs réalisent 6 600 euros de chiffre d’affaires par fournisseur local, avec une moyenne de 16 fournisseurs par magasin.

Les fruits et légumes en tête

Grâce à leur présence en nombre sur la plupart des territoires français, l’approvisionnement local en fruits et légumes est toujours plus élevé dans les MSB. Toutefois, la contrainte de la disponibilité dans certaines régions (à laquelle s’ajoute l’effet de saisonnalité sur la production), oblige les magasins à aller en chercher plus loin. D’après notre étude, 91 % des magasins s’approvisionnent en légumes locaux et 86 % en fruits sachant que la quasi-totalité des magasins bio a un rayon fruits et légumes. Les œufs et dérivés ainsi que le pain se partagent la troisième place : près de huit magasins sur dix s’en procurant localement. Logiquement, les meilleures ventes en produits locaux sont dominées par les légumes pour deux tiers des magasins, les fruits pour la moitié et le pain pour un tiers des sondés.

91 % des magasins s’approvisionnent en légumes locaux.

Notons que pour la moitié des magasins interrogés, les faibles ventes en produits locaux n’existent pas (c’est-à-dire que tous les produits se vendent bien). 16 % des MSB estiment cependant que les sauces et condiments locaux enregistrent de faibles ventes et 9 % Pour la catégorie des viandes et charcuteries.

L’offre locale peu mise en avant

Afin de valoriser l’offre locale dans leur espace de vente, les magasins bio adoptent quelques outils de communication ; les moyens déployés restent toutefois légers car les produits locaux sont activement recherchés par les clients. 56 % des magasins utilisent des étiquettes, d’autres des affiches et des stops rayons. Un quart consacre un rayon spécial aux produits locaux. 12% des magasins ne font rien de particulier pour les valoriser, estimant que la demande est naturellement assez forte. D’une manière générale, 40% des MSB utilisent la combinaison de deux outils de communication.

Deux tiers des magasins proposent du vrac local

65% des magasins ayant un rayon vrac s’approvisionnent localement. Parmi les magasins qui n’ont pas d’offre vrac locale, 30 magasins l’expliquent par le manque d’offre. Six magasins ont également des circuits d’approvisionnement déjà établis avec des contrats fournisseurs sur du non-local ; d’autres n’ont jamais cherché en local ou pointent des soucis de traçabilité du vrac local.

Développer les relations avec les producteurs

Comme en témoigne cette étude, l’offre locale est devenue incontournables pour la distribution spécialisée bio. Si l’offre en produits locaux s’est développée depuis notre enquête de 2015, elle pourrait encore être amplifiée. La clé pour y parvenir réside dans la communication entre producteurs et magasins bio qui gagnerait à être renforcée pour pallier notamment les problèmes de livraison ou de disponibilité de produit.

Dans les MSB, un produit équivaut souvent à un producteur soit un bon de commande et un paiement par produit. De fait les contraintes de livraisons et la multiplication du temps de travail sont des freins au développement du local dans les magasins bio. Pour y remédier, des rencontres entre agriculteurs et représentants de magasins peuvent faciliter les échanges entre les deux parties. De même que le regroupement d’agriculteurs simplifie l’accès des magasins aux produits dont ils ont besoin.

Burkhard Schaer et Aziz Laaziz
Les produits bio locaux dans les magasins bio en France : la nouvelle enquête Ecozept.

Biolinéaires n°85 – septembre / octobre 2019



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