Le vrac au service de l'environnement

24 avril 2016

Il est plus que temps de s’y mettre. L’impact de nos modes de vie sur l’équilibre de notre écosystème est de plus en plus perceptible. Les sources de pollution sont multiples et nous vous proposons aujourd’hui de nous intéresser à celles qui émanent des emballages.

A cause de ces emballages, nous modifions très sensiblement l’équilibre fragile de notre planète. C’est la raison pour laquelle le septième continent s’est formé. Il a été façonné patiemment par les courants océaniques qui ont concentré nos déchets flottants au large du golfe du Mexique. Et nous aurons beau imaginer tous les systèmes de traitement les plus perfectionnés pour nos déchets, ils finiront toujours par nous envahir. Ils nous ont déjà envahis intérieurement depuis longtemps.

7eme continent

Le vortex de déchets du Pacifique nord

Reprenons l’exemple de nos déchets flottants de tout à l’heure. Ces déchets pour une partie d’entre eux sont fabriqués grâce au plastique, or avec l’action combinée de l’eau de mer et des forces mécaniques exercées par les vagues, le plastique ne se dissout pas dans l’eau, il se fragmente en microparticules. Ces microparticules de plastique sont ensuite absorbées par les poissons qui vivent au quotidien dans les océans et nous péchons ces mêmes poissons pour nous nourrir. Ce plastique finit donc au fond de notre estomac et dans notre organisme. Nous nous polymérisons chaque jour un peu plus.

Heureusement pour nous, une partie d’entre nous l’a déjà compris depuis un certain temps et a proposé le mode de distribution en vrac, sans emballage. Nous nous sommes intéressés à ce sujet pour vous proposer l’enquête de ce numéro. Pour cela nous avons recueilli l’opinion et les souhaits de plus de 600 consommateurs bio début janvier 2016 et voici ce qu’ils nous disent. Et quand par exemple 97% de nos panélistes nous disent qu’ils sont satisfaits ou très satisfaits de la qualité des produits vendus en vrac, c’est que la sélection des produits est sérieuse et bien faite par les magasins bio mais c’est surtout un plébiscite de ce mode distribution…

Le vrac, un rayon très visité par nos panélistes

9 consommateurs sur 10 de notre échantillon achètent des produits au sein du rayon vrac de leur magasin habituel. Ce résultat s’explique par la grande sensibilité des personnes interrogées à ce mode de distribution et à leur côté militant. Dans le détail, trois catégories se distinguent pour leur niveau d’achat supérieur à celui de l’échantillon global :

– les petites villes
– la tranche des revenus modestes
– le gros consommateur bio.

Ces trois catégories achètent à 96% dans le rayon vrac de leur magasin bio habituel. Si l’on peut penser que c’est pour une raison écologique que le gros consommateur bio achète plus que l’échantillon global, les raisons d’achat pour la catégorie petite ville et tranche de revenus modestes ne sont peut être pas si évidentes. Dans les placards de nos panélistes, la place disponible pour le stockage des produits du quotidien qu’ils viennent d’acheter dans leur magasin bio habituel peut jouer un rôle pour la catégorie petite ville ainsi que la proximité du magasin de leur lieu d’habitation. Les produits vrac, une fois ramenés à la maison, ne prennent pas plus de place dans les placards puisqu’ils finissent dans l’un des contenants déjà présents, ce qui n’est pas le cas pour les produits préemballés qui viennent, eux, s’ajouter au reste. En revanche, pour la catégorie des revenus modestes, le prix peut être un levier.

Des proportions qui diffèrent en fonction de la catégorie de produit

Pour les fruits secs et le riz, ce mode de distribution paraît très utilisé. Les panélistes sont 87% à acheter majoritairement ou uniquement en vrac leurs fruits secs, 66% pour les céréales/ légumineuses et 58% pour le riz. Les pâtes, le thé, le chocolat et les biscuits connaissent moins d’adeptes. Pour ces dernières catégories de produits, l’hygiène des distributeurs, l’intégrité/ la protection des produits (biscuits brisés par exemple) ou la préservation des qualités du produit (arôme pour le thé ou le café) font peut-être partie des raisons du moindre achat. Pour les sucres, le sentiment est plus mitigé, 46% achètent majoritairement et uniquement en vrac et 54% minoritairement ou jamais en vrac.

Vrac bio natexbio

Fréquence de visite du rayon vrac

Ils sont un tout petit peu plus de la moitié (51%) à visiter le rayon vrac à chaque visite dans leur magasin bio habituel. 27%, une fois sur deux. Selon notre étude sur le comportement de nos consommateurs bio, étude réalisée en juin 2015 par BIO panel, 77% des achats alimentaires bio sont effectués entre une et plusieurs fois par semaine. Nous pouvons rapprocher ce chiffre des 51% et des 39% (34% des consommateurs de l’échantillon global font des achats dans le rayon vrac une fois par semaine et 5%, 2 a 3 fois par semaine) qui nous disent visiter le rayon vrac entre une et trois fois par semaine pour s’assurer de la véracité de ces chiffres.

Le baromètre de la consommation vrac de l’année 2015

Une bonne année 2015 pour le vrac. 48% des répondants à notre questionnaire estiment avoir consommé plus au sein du rayon vrac. Pour 46% d’entre eux, la consommation est stable et seuls 6% des répondants voient leur consommation diminuée. De belles perspectives de développement s’offrent encore à ce rayon où la recherche de relais de croissance devra s’orienter sur plusieurs axes que nous découvrirons grâce aux réponses des questions suivantes. En terme de catégories, le Sud Ouest, les 31/40 ans et les foyers de trois personnes connaissent les hausses de consommation les plus fortes. La catégorie des panélistes composant la tranche de revenus moyens inférieurs tonnait en revanche, quant à elle, la hausse la moins prononcée.

72% des panélistes dépensent entre 3 et 20 € en produits vrac quand ils font leurs courses:

La majorité des dépenses se situent entre 3 et 20 € selon les réponses que nous avons obtenues à cette question. 170 de nos consommateurs dépensent plus de 20 €. C’est l’Ouest et les gros consommateurs bio qui s’illustrent à travers leurs plus grosses dépenses sur cette question. La région parisienne ainsi que les célibataires, eux, enregistrent les dépenses les moins importantes. On peut expliquer ceci pour la région parisienne par le fait que les magasins bio sont également des magasins de proximité; on va faire ses courses au coup par coup puisqu’ils ne sont pas loin ce qui évite aux consommateurs de stocker beaucoup de produit dans une surface d’habitation urbaine que l’on sait plus restreinte qu’ailleurs. Pour la catégorie des célibataires, ce résultat peut s’expliquer par le fait que ces personnes vivent seules et ont par conséquent des besoins moindre en volume et bien souvent en diversité alimentaire et recherche des produits pratiques a consommer.

Écologie, quantités adaptables et prix sont les trois raisons de motivation

A la question pourriez-vous classer par ordre de préférence, les raisons qui vous motivent à acheter des produits en vrac ? La première raison est d’ordre environnemental. Nos panélistes prennent-ils conscience que l’emballage est un des fléaux de notre époque ? Nos déchets sont de plus en plus nombreux et mal gérés (apparition du septième continent…) et en les voyant traîner un peu partout au sol, la réalité de nos comportements et modes de vie commence peut-être à sauter aux yeux de plus en plus de monde.

La quantité que l’on peut choisir est la deuxième raison de motivation. Comme nous le soulignions dans l’étude précédente sur le service arrière, la possibilité de choisir la quantité que le consommateur souhaite est également un élément important de l’acte d’achat au rayon vrac.

Enfin, sur la dernière marche du podium, on retrouve le prix qui, comme a son habitude, n’occupe pas une des deux premières marches du podium mais reste toujours un élément important à prendre en considération dans l’acte d’achat.

Quelles informations sont prioritaires ?

Nous avons cherché à découvrir, grâce a la question suivante :« Pour vos achats de produits en vrac, pouvez-vous classer vos priorités en terme d’informations ? de quelles informations le consommateur de produits vrac avait besoin. Les trois qui ont été les plus mises en avant sont : le prix au kilo des produits, la provenance/l’origine des produits et la composition des produits.

– Le prix au kilo est nécessaire au consommateur pour lui permettre de positionner le produit vrac dans son univers concurrentiel.

– La provenance/l’origine des produits ; cet élément est essentiel pour le consommateur afin de se rassurer sur le nombre de kilomètres parcourus par les produits avant d’arriver dans le distributeur du magasin mais également sur le côté sociétal et éthique du transformateur.

– Troisième point, la composition du produit. Si le produit en question est un produit manufacturé, type biscuit, pâtes… le consommateur se pose légitimement la question de la liste des ingrédients entrant dans la composition. Il est par conséquent primordial pour eux d’accéder à cette information.

Les produits locaux en premier lieu

Ce sont les produits locaux que les répondants aimeraient voir intégrer les distributeurs de produits vrac. Ils sont 40% à les mettre en avant dans leur choix devant les produits du commerce équitable avec 25% des suffrages et 19% pour des mélanges équilibrés nutritionnellement type céréales/légumineuses ou mélange de l’étudiant en fruits secs. Les produits faciles à préparer type mélanges tout prêts ne semblent pas intéresser nos panélistes.

vrac dans un magasin bio

Rayon vrac dans un magasin Biocoop

Le vrac possède encore de nombreux relais de croissance notamment avec la possibilité de l’étendre au domaine des produits liquides dont nous avons vu que le concept intéressait vivement nos panélistes et en particulier certains produits comme l’huile (attention au côté législatif sur ce point), le liquide vaisselle ou la lessive. Les magasins devront rester vigilants sur l’hygiène et la propreté des distributeurs ainsi que l’affichage des prix au kilo, des dates de péremption et de la composition des produits. N’oublions pas que de nombreux consommateurs visitent tous les jours les magasins biologiques pour trouver les produits qui leur conviennent. L’affichage de la bonne information reste un moyen très simple d’augmenter le chiffre d’affaires du rayon vrac.

En tout cas ce rayon nous aide tous au quotidien à réduire nos emballages et nos déchets. C’est vrai qu’il demande un peu plus d’organisation de la part du consommateur et du magasin. Pour le consommateur, il faut préparer les contenants destinés à recevoir les produits des distributeurs mais cet effort en vaut la peine et nos enfants nous remercierons. Ce mode de distribution, qui est une vraie spécificité et un vrai point de différence des magasins bio, est en phase avec son époque sur la question de la réduction des emballages et donc des déchets. Les consommateurs ont passé le cap de l’aspect ludique de l’outil pour l’intégrer comme une attente comportementale. Ce point de l’attente comportementale a été rapidement validé pour cette enquête puisque nous n’avons pas eu de difficultés à trouver plus de 600 consommateurs et même « consom’acteur » sur le sujet. La preuve que ce mode distribution est en train d’atteindre la maturité et par la même l’âge de raison.

Etude réalisée par Cédric Rousselet de Biopanel
Retrouvez l’intégralité de cette étude dans Bio Linéaires n° 64 – Mars / Avril 2016


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