Marché de la Bio 2025 : quatre visions prospectives

9 décembre 2017

Quatre scénarii, plus ou moins favorables, résument l’évolution possible de la Bio d’ici 2025. Voici un condensé de ces projections, tirées de l’e-book intitulé état des lieux sur l’alimentation bio et durable, paru en janvier 2017. Cet article conclut notre série sur la génèse, l’essor du marché de la Bio et la mentalité des consommateurs. In fine, l’e-book mis en forme par Sonia Eyaan (basé sur les témoignages de 36 professionnels), débouche sur une forme d’avertissement… Pour que les acteurs de la Bio ne laissent pas l’avenir s’écrire sans eux.

Avenir de la Bio : croissance ou simple survivance ?

Scénario 1 – Les filières de la Bio ne parviennent pas à se structurer, pour cause d’initiatives de communication désordonnées et de dissensions internes entre « rigoristes » et « opportunistes ». La concurrence s’engouffre dans cette brèche évidente et occupe à son tour le créneau de la proximité et du local. Le marché Bio, moribond, ne doit sa survie qu’au niveau élevé d’aides publiques.

Scénario 2 – Soutenu par une politique volontariste et objet d’une adhésion toujours plus forte du consommateur (confronté aux crises sanitaires agro-industrielles), le marché croît harmonieusement et se transforme, sous l’impulsion des générations Y et Z, en Bio 3.0 (ruches, Fablab, supermarchés collaboratifs… etc.). Le concept de consommateur-collaborateur se généralise.

Deux scénarii catastrophes pour la Bio

Scénario 3 – Le succès de la Bio ne laisse pas indifférent. Elle ne résistera pas à la convoitise et aux assauts des grands groupes, qui mettent la main sur les réseaux de boutiques spécialisées et dictent leur loi. Coup d’arrêt au développement des filières locales, le règne du « bio importé » et bon marché s’installe. Les principes des pionniers tombent aux oubliettes.

Scénario 4 – La Bio n’a pas échappé aux tentations communes. Crises sanitaires et corruption… ses acteurs les moins scrupuleux ont dynamité la filière. Sur les ruines de la Bio, le secteur agroalimentaire consolide à nouveau ses positions. Ses producteurs ont redécouvert les richesses de l’agro-écologie et usent à merveille des nouvelles technologies. La transition écologique se poursuivra sans les filières Bio, concurrencées sur leur propre terrain par plus malin et plus fort.

Trois enjeux majeurs pour un futur Bio

Davantage qu’un avenir tout écrit, ces projections ont été bâties pour permettre de saisir les grandes variables d’une équation complexe.

Bio et/ou agriculture responsable ?

Première variable : le visage futur de la production agricole. C’est un fait : l’agriculture biologique n’est pas l’alpha et l’Omega de l’agro-écologie. Certes, elle se distingue par son indépendance totale vis à vis des produits chimiques de synthèse, mais d’autres systèmes, écologiquement et socialement responsables, attirent fortement : agroforesterie, agriculture de conservation, biodynamie, permaculture… L’agriculture dite « responsable » sera au cœur des enjeux, quelle sera alors la place de la Bio ?

Une filière soutenue et inventive

Le lien entre la politique et la Bio s’avèrera également capital. Le plan « Ambition bio 2017 », lancé en 2013 et le groupement d’intérêt public missionné en août 2016 par Stéphane Le Foll peuvent illustrer la volonté politique d’accompagner l’essor de la Bio. Mais des signaux négatifs ont également été envoyés : tel l’abandon de l’objectif 20% de bio dans les cantines d’ici à 2020. Entre amour et désamour, quelle sera la réalité et surtout la fermeté de l’engagement politique en faveur de la Bio ?

Et pour ce qui dépend d’elle, la filière est-elle apte à se réinventer, à s’adapter, notamment en lien avec l’essor du numérique ? Après l’acte de naissance économique et politique, elle devra trouver les biais qui permettront de rationaliser les coûts de production. Un défi qui passe par l’intégration des nouvelles technologies.

Par Armel de Sansal


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